Photoreportage inédit | Ballast
Au mot de « gitan », les clichés du « moustachu à la guitare » ou de « l’enfant pieds nus à la cigarette1 » surgissent. C’est sur ce terrain que de nombreux artistes comme Koudelka, Mathieu Pernot ou Alain Keller ont fait leurs armes. Le photographe Valentin Merlin a choisi d’en prendre le contre-pied : personne sur les photos. Des murs, des palissades, des barrières, du barbelé, du béton : c’est ce qui constitue les « aires d’accueil ». Il nous dit par ce travail, avoir « voulu construire une archive de l’encampement
des gens du voyage en France, mais aussi fabriquer des preuves ». Preuves que l’administration assigne à résidence des citoyens français dans des lieux hostiles à toute forme de vie. Si la photo peut accompagner les luttes voyageuses, c’est en montrant que les autorités locales de Petit-Quevilly, de Saint-Germain-en-Laye et de Marseille forcent des familles à vivre dans des zones à haut risque industriel. Au fil de cette série commencée en 2015, on peut saisir pourquoi certains voyageurs appellent ces aires d’accueil des « terrains désignés ». Subissent-ils pour autant ces lieux ? Il n’en est pas question : ils les apprivoisent et les combattent aussi. Parfois, on aperçoit le « bureau » — le lieu du pouvoir — brûlé. Ou encore des restes de morceaux de barricades. Luttes silencieuses, mais visibles.
[lire le troisième et dernier volet]
- André Barthélémy, Routes de Gitanie, Le Centurion, 1982, p. 11.[↩]
REBONDS
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