André Gorz et Charles Piaget : discuter l’autogestion


Texte inédit pour le site de Ballast

« Les sala­riés sont la pre­mière richesse de l’en­tre­prise », vient de décla­rer la secré­taire d’État char­gée de l’Économie sociale, soli­daire et res­pon­sable à l’oc­ca­sion de la Fête des entre­prises. Avant de se lan­cer dans un éloge bouf­fon du « capi­ta­lisme citoyen ». Si l’i­dée d’au­to­ges­tion est ancienne, c’est au len­de­main de l’ex­pé­rience you­go­slave titiste, dans les années 1950, qu’elle se déploie plus lar­ge­ment dans le monde du tra­vail. En France, elle s’in­carne ain­si dans la lutte des Lip, à Besançon. En juin 1973, les tra­vailleurs et les tra­vailleuses de l’u­sine de montres lancent le mot d’ordre « C’est pos­sible : on fabrique, on vend, on se paie ». Le syn­di­ca­liste Charles Piaget, figure du mou­ve­ment, est reve­nu cette année, sous la forme d’un bref ouvrage, sur cette expé­rience auto­ges­tion­naire. L’occasion de la relire à la lumière des tra­vaux théo­riques du pen­seur éco­lo­giste et socia­liste André Gorz, dont Piaget était alors lec­teur. ☰ Par Céline Marty


Après plus de trois ans de lutte achar­née, les ouvriers de Fralib obtiennent satis­fac­tion en 2013 : ils ont repris au groupe Unilever leur usine de thés et infu­sions et contrôlent désor­mais la pro­duc­tion sous forme de coopé­ra­tive. À proxi­mi­té de Lille, la pape­te­rie éco­lo­gique Pocheco fonc­tionne elle aus­si de façon coopé­ra­tive depuis plu­sieurs années. Ces suc­cès récents laissent envi­sa­ger des alter­na­tives à l’or­ga­ni­sa­tion tra­di­tion­nelle du tra­vail, à l’heure où 94 % des actifs1 sont sala­riés. En régime capi­ta­liste, le sala­riat repose sur la divi­sion entre, d’une part, les pro­prié­taires des moyens de pro­duc­tion et, d’autre part, les pro­prié­taires d’une force de tra­vail qu’ils vendent aux pre­miers. Depuis le tay­lo­risme, les pro­prié­taires des moyens de pro­duc­tion ont aus­si le pou­voir de déter­mi­ner l’organisation et le conte­nu de la pro­duc­tion tout en l’im­po­sant aux travailleur·euses. Les coopé­ra­tives, pour leur part, ouvrent une brèche dans ce modèle de ver­ti­ca­li­té : elles ins­taurent l’au­to­ges­tion de la pro­duc­tion et l’autodétermination des travailleur·euses, qui se réap­pro­prient en quelque sorte le pou­voir dont Taylor les avait dépossédés.

« Les coopé­ra­tives ouvrent une brèche dans le modèle de ver­ti­ca­li­té tay­lo­riste : elles ins­taurent l’au­to­ges­tion de la pro­duc­tion et l’autodétermination des travailleur·euses. »

L’autogestion est reven­di­quée depuis le début du mou­ve­ment ouvrier par certain·es de ses théoricien·nes, notam­ment la conseilliste Rosa Luxemburg. Mais c’est à par­tir des années 1960 que son idée se dif­fuse plus mas­si­ve­ment, au point de deve­nir un vrai mot d’ordre dans l’Europe post-68 — elle qui avait si for­te­ment cri­ti­qué la divi­sion du tra­vail et la cap­ta­tion du pou­voir poli­tique par les élites. Érigée en idéal, l’au­to­ges­tion s’est notam­ment incar­née en France dans la longue lutte des Lip à Besançon, et plus par­ti­cu­liè­re­ment encore lors de l’é­pi­sode de 1973 durant lequel l’u­sine a été occu­pée et la pro­duc­tion reprise en main par les ouvriers et ouvrières. Charles Piaget, « lea­der » de cette bataille, a repris, il y a peu, le slo­gan auto­ges­tion­naire qui l’a ren­due célèbre, « On fabrique, on vend, on se paie », comme titre d’un livre concis et illus­tré2, dans lequel il ana­lyse les moda­li­tés de cette lutte, les rai­sons de son suc­cès et les leçons à en tirer. Et l’au­teur d’in­sis­ter sur son carac­tère auto­ges­tion­naire. Ces réflexions sont d’autant plus cru­ciales aujourd’hui que ne cessent d’être dénon­cées les muta­tions des formes de domi­na­tion dans le sala­riat tra­di­tion­nel3. L’autogestion est-elle plei­ne­ment réa­li­sable ? N’est-elle pas tou­jours mise en œuvre par des indi­vi­dus qui demeurent pris dans les rap­ports de force capi­ta­listes et hié­rar­chiques dont ils héritent, et qu’ils peuvent repro­duire dans les faits, y com­pris mal­gré eux ?

Conquérir l’autonomie contre la direction et les syndicats

Dans son essai, Charles Piaget sou­tient que l’autogestion chez Lip n’a pas concer­né uni­que­ment la pro­duc­tion des montres durant les six mois qu’a duré la grève de 1973, mais a sur­tout mar­qué la lutte des tra­vailleurs contre la direc­tion de l’entreprise sur plu­sieurs décen­nies. Alors que la pre­mière n’a été que ponc­tuelle et de courte durée, la seconde a été struc­tu­relle et s’est péren­ni­sée dans le temps. En somme, la prin­ci­pale forme d’au­to­ges­tion réa­li­sée dans l’u­sine aurait rési­dé dans l’or­ga­ni­sa­tion hori­zon­tale et par­ti­ci­pa­tive des travailleur·euses, par dis­tinc­tion du modèle ver­ti­cal pra­ti­qué essen­tiel­le­ment par les cen­trales syn­di­cales. Pour l’expliquer, Piaget retrace en détail les étapes de l’op­po­si­tion entre le per­son­nel et la direc­tion — d’abord incar­née par Fred Lip puis par la socié­té suisse Ebauches SA, dont le rachat de l’en­tre­prise est à l’o­ri­gine du conflit de 1973, des licen­cie­ments de 1976 et de la fin de Lip en 1981. Dès 1967, ce rachat impose des trans­for­ma­tions pro­fondes de la manu­fac­ture : jusque-là, Lip fabri­quait ses com­po­sants et les déve­lop­pait grâce à son propre ser­vice de recherche ; désor­mais, les pièces sont direc­te­ment ache­mi­nées depuis la Suisse. Les travailleur·euses sont dépossédé·es de leur cœur de métier — la recherche, la méca­nique de pré­ci­sion et la com­mer­cia­li­sa­tion — pour se des­ti­ner au simple assem­blage. Et c’est cette dépos­ses­sion qui ini­tie le conflit. Mais lorsque le plan de licen­cie­ment mas­sif est annon­cé en 1973, les syn­di­cats tra­di­tion­nels sont désar­çon­nés : le syn­di­ca­lisme ouvrier de l’époque se concentre davan­tage sur le pou­voir d’achat que sur l’emploi — le taux de chô­mage étant faible. Dans ce contexte, les cen­trales ne s’op­posent pas fron­ta­le­ment aux fer­me­tures d’entreprises mais cherchent plu­tôt à en négo­cier les condi­tions, par exemple en « réduis[ant] le nombre de licen­cie­ments » ou en « obten[ant] de meilleures indem­ni­tés4″. Mais les syn­di­cats de Lip, forts de leurs suc­cès récents, rejettent en bloc ce plan de licenciement.

[Le conflit social chez Lip en 1973, décembre 1973 | ORTF | INA]

Les sec­tions syn­di­cales et les délé­gués du per­son­nel de Lip estiment que leurs suc­cès anté­rieurs sont dus à une trans­for­ma­tion de leurs méthodes de luttes : le sché­ma selon lequel les actions à mener sont défi­nies uni­la­té­ra­le­ment par la cen­trale syn­di­cale, pour être ensuite pro­po­sées pour vali­da­tion à l’Assemblée géné­rale salarié·es, est aban­don­né. Chez Lip, les salarié·es sont tota­le­ment mobilisé·es et impliqué·es dans l’organisation même des luttes ; les syn­di­cats ne sont là que pour faci­li­ter sa ges­tion et son ani­ma­tion. Ainsi, l’égalisation des rému­né­ra­tions à sta­tut égal a été obte­nue grâce à la déci­sion col­lec­tive de rendre publics les bul­le­tins de salaire et de dévoi­ler ain­si les secrets ou arran­ge­ments sala­riaux de la direc­tion ; de même, l’a­mé­lio­ra­tion des condi­tions de tra­vail a été ren­due pos­sible par des enquêtes de ter­rain menées par les salarié·es, ayant mis en lumière des pres­sions aux ren­de­ments. Les grèves et mani­fes­ta­tions de mai 1968 ont éga­le­ment déve­lop­pé une plus grande fami­lia­ri­té entre les salarié·es : ren­dant visite à des cama­rades d’autres sec­tions et ate­liers, ils décident de créer des groupes de réflexion et affirment leur légi­ti­mi­té à pro­po­ser des trans­for­ma­tions de la pro­duc­tion, par-delà la divi­sion entre exécutant·es et encadrant·es : « nous sommes toutes et tous des manuels et des intel­lec­tuels5 ». Cette auto­no­mie des salarié·es dans la construc­tion de leurs luttes sus­cite par­fois même la désap­pro­ba­tion des cen­trales syn­di­cales natio­nales, qui jugent leurs méthodes pleines d’amateurisme et de naï­ve­té. Des moments d’information sur l’usine et la culture ouvrière sont orga­ni­sés, ain­si que des temps d’échanges pour favo­ri­ser la prise de parole, l’apprentissage du débat construc­tif et l’implication de tous et toutes dans la lutte. Piaget la désigne comme une « école de la reven­di­ca­tion concrète et de la négo­cia­tion6 ». Les salarié·es sont accompagné·es dans l’expression de leurs souf­frances et dans la for­mu­la­tion de pro­po­si­tions que chacun·e peut alors négo­cier, sans l’in­ter­mé­diaire des repré­sen­tants syn­di­caux, avec la direc­tion. Ainsi, par exemple, les femmes OS (ouvrières spé­cia­li­sées), par­ti­cu­liè­re­ment désa­van­ta­gées par des tâches très répé­ti­tives et une faible rému­né­ra­tion, construisent et portent elles-mêmes leurs reven­di­ca­tions spécifiques.

« La lutte n’est pas pour autant inor­ga­ni­sée, spon­ta­née, ni com­plè­te­ment auto­nome et indé­pen­dante de toute struc­ture : chez Lip, elle est menée par un comi­té d’action. »

La lutte n’est pas pour autant inor­ga­ni­sée, spon­ta­née, ni com­plè­te­ment auto­nome et indé­pen­dante de toute struc­ture : chez Lip, elle est menée par un comi­té d’action, qui décide de ses moda­li­tés en assem­blée géné­rale. Celui-ci se dis­tingue d’un syn­di­cat tra­di­tion­nel dans la mesure où il inclut tout tra­vailleur ou tra­vailleuse, quelle que soit son appar­te­nance syn­di­cale, de sorte que tous et toutes décident ensemble de l’organisation de la mobi­li­sa­tion. Par cette direc­tion col­lec­tive de la lutte, les salarié·es se trans­forment et prennent confiance dans leurs capa­ci­tés et dans leur pou­voir col­lec­tif : pour Piaget, c’est bien cette auto­ges­tion-là qui a fait le suc­cès de la bataille des Lip. Mais ces prin­cipes démo­cra­tiques ont-ils par­fai­te­ment été réa­li­sés dans les faits ? Quelle que soit la force de leur désir d’ho­ri­zon­ta­li­té, les luttes peuvent-elles se pré­ser­ver de tout rap­port de force interne ou de l’é­mer­gence de chefs auto­ri­taires ? Piaget lui-même recon­naît avoir vécu quelques contra­dic­tions per­son­nelles entre ses idéaux et ses pra­tiques réelles : en pre­nant un rôle de chef, en tant que délé­gué du per­son­nel, il aurait par­fois eu ten­dance à vou­loir tout contrô­ler, sans accep­ter de délé­guer. Ainsi quand cer­tains groupes lui ont pro­po­sé de s’allier à la lutte pour le Larzac ou d’enregistrer ciné­ma­to­gra­phi­que­ment la lutte chez Lip, et qu’il s’y est mon­tré défa­vo­rable. Malgré son hési­ta­tion, les groupes en ques­tion n’ont pas aban­don­né ces pro­jets et les ont fina­le­ment pris en charge de manière auto­nome — avec succès.

L’autogestion chez Lip ne se réduit donc pas à l’autogestion éco­no­mique — celle de la pro­duc­tion des montres en 1973 —, mais s’é­tend à l’ensemble des actions col­lec­tives construites, les­quelles se sont adap­tées sur plu­sieurs décen­nies à dif­fé­rents rap­ports de force et ont déve­lop­pé des méthodes par­ti­ci­pa­tives et nova­trices par rap­port au syn­di­ca­lisme de l’époque. Piaget désigne cette forme d’au­to­ges­tion comme un outil pour faire adve­nir « la socié­té de demain, celle des tra­vailleurs-pro­duc­teurs, celle d’une éco­no­mie au ser­vice de toutes et tous ; une éco­no­mie assu­rant des biens plus éga­li­taires ; une éco­no­mie res­pec­tueuse de l’environnement et des êtres vivants7 ». Pour autant, le pas­sage de l’un à l’autre n’est pas déve­lop­pé. De même, Piaget ne com­mente pas l’im­por­tance, dans l’ho­ri­zon de cette socié­té nou­velle, de l’épisode d’autogestion de la pro­duc­tion en 1973, qui a pour­tant fait la célé­bri­té de Lip. Lip est seule­ment pré­sen­té comme un exemple de col­lec­tif « réflé­chis­sant, lut­tant, bâtis­sant cette socié­té de demain8 » dans lequel l’économie serait au ser­vice de l’hu­main et dans lequel les besoins sont éva­lués en concer­ta­tion et en com­mun. Dans quelle mesure l’autogestion des luttes et l’autogestion pro­duc­tive peuvent-elles consti­tuer des moyens de trans­for­ma­tion radi­cale de la socié­té ? Sont-elles suf­fi­santes pour ce faire, sans trans­for­ma­tion préa­lable de la struc­ture sociale hié­rar­chique, des rap­ports de force capi­ta­listes et de l’organisation du marché ?

[Le conflit social chez Lip en 1973, décembre 1973 | ORTF | INA]

Conquérir l’autonomie face à toutes les structures de domination

C’est ce pro­blème que s’est effor­cé de résoudre le phi­lo­sophe André Gorz — dont Piaget connais­sait les ouvrages, qu’il citait dans ses tracts ou for­ma­tions pour mobi­li­ser les travailleur·euses. Gorz est sur­tout connu pour son éco­lo­gie poli­tique, dont il a été l’un des pion­niers en France ; on connaît éga­le­ment sa cri­tique anti­ca­pi­ta­liste de la cen­tra­li­té du tra­vail ain­si que ses pro­po­si­tions, à par­tir de 1980, de réduc­tion du temps de tra­vail, qui visaient à sous­traire du temps de vie à la ratio­na­li­té éco­no­mique9. On sait moins, en revanche, qu’il s’est inté­res­sé à l’autogestion dans les années 1950, 60 et 70 et qu’il a lon­gue­ment ana­ly­sé ses pos­si­bi­li­tés éman­ci­pa­trices comme ses limites. Pour Gorz, la réap­pro­pria­tion des moyens de pro­duc­tion et la recon­quête du pou­voir ouvrier qu’elle implique consti­tue­raient une vic­toire cer­taine sur le mode de pro­duc­tion tay­lo­riste, quoique ses conquêtes demeurent insuf­fi­santes pour trans­for­mer radi­ca­le­ment l’organisation capi­ta­liste du tra­vail. Sa réflexion consiste à appro­fon­dir la reven­di­ca­tion auto­ges­tion­naire de Piaget, de manière à ne pas la réduire aux luttes des salarié·es mais à l’étendre à une réelle auto­dé­ter­mi­na­tion de la pro­duc­tion par les travailleur·euses. Il n’est pas ano­din que cela appa­raisse comme une solu­tion sou­hai­table pré­ci­sé­ment dans les années 1960 : Gorz reproche aux syn­di­cats de cette période d’avoir accep­té la divi­sion tay­lo­riste du tra­vail, sans voir qu’elle était la rai­son même de la domi­na­tion poli­tique des travailleur·euses. En per­met­tant la réap­pro­pria­tion du pro­ces­sus de pro­duc­tion et la libé­ra­tion de la divi­sion extrême des tâches d’exé­cu­tion, l’autogestion serait le moyen de réa­li­ser l’utopie mar­xienne de dépas­se­ment de l’aliénation et de la domi­na­tion au travail.

« Gorz cherche des réformes anti­ca­pi­ta­listes qui ne néces­sitent pas d’avoir abat­tu com­plè­te­ment le capi­ta­lisme pour être réa­li­sées, mais que celui-ci ne pour­rait pas incorporer. »

L’analyse de l’autogestion par Gorz se déploie dans dif­fé­rents ouvrages, articles et confé­rences, dont cer­tains ne sont plus acces­sibles aujourd’hui. On la trouve prin­ci­pa­le­ment dans Stratégie ouvrière et néo­ca­pi­ta­lisme10, publié en 1964 et dont Piaget connaît cer­tains pas­sages par cœur. Dans ce livre, Gorz com­mence par diag­nos­ti­quer la fai­blesse du mou­ve­ment ouvrier et socia­liste en France, qu’il attri­bue à « l’attentisme révo­lu­tion­naire11 » com­mu­niste. Aux yeux de Gorz, cet atten­tisme le rend inca­pable de por­ter des reven­di­ca­tions quo­ti­diennes par crainte que des suc­cès trop sub­stan­tiels satis­fassent trop vite les travailleur·euses et anni­hilent leur esprit révo­lu­tion­naire. D’un autre côté, il juge insuf­fi­santes les seules reven­di­ca­tions sur le pou­voir d’achat, immé­dia­te­ment satis­faites par le capi­ta­lisme lui-même (qui résorbe les aug­men­ta­tions nomi­nales de salaires sans tou­cher à ses pro­fits et sans céder de pou­voir aux ouvriers).

Pour pal­lier ces insuf­fi­sances, Gorz cherche des réformes anti­ca­pi­ta­listes qui ne néces­sitent pas d’avoir abat­tu com­plè­te­ment le capi­ta­lisme pour être réa­li­sées, mais que celui-ci ne pour­rait pas incor­po­rer pour autant : c’est ce qu’il appelle des « réformes révo­lu­tion­naires12 ». Celles-ci visent une trans­for­ma­tion radi­cale de la socié­té dans la mesure où elles ne se contentent pas d’exi­ger des pos­sibles déter­mi­nés par le capi­ta­lisme. L’autogestion, en ce sens, est l’une de ces réformes révo­lu­tion­naires puisqu’elle donne aux travailleur·euses des pou­voirs réels sur l’organisation, le conte­nu et la dis­tri­bu­tion de la pro­duc­tion, qui peut alors être trans­for­mée selon d’autres cri­tères que les impé­ra­tifs capi­ta­listes de maxi­mi­sa­tion du taux de pro­fit. Elle satis­fait à la fois une exi­gence poli­tique — reprendre le pou­voir par la classe ouvrière — et une exi­gence sub­jec­tive du tra­vailleur — maî­tri­ser son acti­vi­té. En effet, l’au­to­ges­tion per­met de recon­qué­rir une pleine auto­no­mie au sein du pro­ces­sus pro­duc­tif et de sup­pri­mer la sépa­ra­tion éta­blie dans le modèle hié­rar­chique de Taylor entre déci­sion et exé­cu­tion. Dans l’article « Le socia­lisme dif­fi­cile », publié dans le recueil épo­nyme en 196713, Gorz pré­sente cet idéal auto­ges­tion­naire comme une réac­tua­li­sa­tion de l’idéal mar­xien d’un « tra­vailleur mobile poly­va­lent », « tota­le­ment déve­lop­pé pour qui diverses fonc­tions sociales sont autant de modes d’activité qui prennent le relais les unes les autres » — ce tra­vailleur rem­pla­çant l’in­di­vi­du par­tiel qui n’é­tait que le sup­port d’une fonc­tion sociale spé­ci­fique14. Celle-ci ins­taure la per­mu­ta­tion des tâches de pro­duc­tion, d’administration, de ges­tion et de créa­tion libre, et per­met d’a­bo­lir les spé­cia­li­sa­tions rigides orga­ni­sées par le capitalisme.

[Le conflit social chez Lip en 1973, décembre 1973 | ORTF | INA]

L’autogestion dont Gorz se fait le théo­ri­cien n’é­qui­vaut pas à la forme de coges­tion pra­ti­quée notam­ment dans les entre­prises alle­mandes, où les repré­sen­tants des sala­riés par­ti­cipent aux conseils d’administration. Chez Gorz, il ne s’agit pas seule­ment d’associer ponc­tuel­le­ment les travailleur·euses à la ges­tion éco­no­mique : ce serait là un « pou­voir subal­terne15 » par lequel ils ne feraient que s’insérer dans le pro­ces­sus de déci­sion capi­ta­liste. Dans le cas de Lip, l’autogestion de la pro­duc­tion est res­tée ponc­tuelle, au moment de la grève, sans trans­for­mer dura­ble­ment l’organisation du tra­vail et sans reprendre le pou­voir spé­ci­fique de la direc­tion et des action­naires. Gorz cherche au contraire les moda­li­tés d’un « pou­voir auto­nome16 » des travailleur·euses, ins­tau­ré de façon per­ma­nente et contrô­lant plei­ne­ment la poli­tique de ges­tion et la pro­duc­tion. C’est donc une « réforme de struc­ture17 », qui fait naître de nou­veaux centres de pou­voir popu­laire et qui res­treint à l’in­verse les pou­voirs du capi­tal et de l’État ; c’est aus­si une mesure socia­liste qui subor­donne la pro­duc­tion col­lec­tive aux besoins sociaux réels.

« Gorz étend le pro­jet auto­ges­tion­naire à tous les domaines de la socié­té : dans l’atelier, dans l’entreprise, mais aus­si dans la ville, dans la région et fina­le­ment dans la socié­té toute entière. »

Tout comme, chez Lip, l’autogestion des luttes s’organisait dans un comi­té d’action indé­pen­dant des syn­di­cats tra­di­tion­nels hié­rar­chiques, Gorz s’in­ter­roge sur les rap­ports de cette auto­ges­tion pro­duc­tive aux cen­trales syn­di­cales. Malgré les cri­tiques qu’il adresse à celles dont il est le contem­po­rain, il consi­dère que c’est tout de même au sein d’une forme renou­ve­lée de syn­di­cat que pour­rait s’élaborer la conscience de classe et que pour­rait émer­ger l’ex­pres­sion des besoins réels à satis­faire. Une telle orga­ni­sa­tion devrait être orga­ni­sée par la base des tra­vailleurs eux-mêmes, indé­pen­dante dans chaque uni­té de pro­duc­tion et auto­nome vis-à-vis des cen­trales et des par­tis politiques.

Mais cette capa­ci­té et cette légi­ti­mi­té à auto­dé­ter­mi­ner ses condi­tions d’existence et à s’auto-organiser ne se limitent pas à la sphère de la pro­duc­tion éco­no­mique. Dès 1964, Gorz étend le pro­jet auto­ges­tion­naire à tous les domaines de la socié­té : dans l’atelier par la conquête d’un pou­voir ouvrier sur l’organisation du tra­vail, dans l’entreprise par la consti­tu­tion d’un contre-pou­voir ouvrier sur le taux de pro­fit et les inves­tis­se­ments, mais aus­si dans la ville par la lutte contre les mono­poles d’organisation des trans­ports, de l’habitat et des loi­sirs, dans la région par la reven­di­ca­tion d’un déve­lop­pe­ment équi­li­bré et de centres de déci­sion auto­nomes rela­ti­ve­ment au capi­tal et à l’État, et, fina­le­ment, dans la socié­té toute entière par le contrôle de l’orientation de l’économie selon des prio­ri­tés sociales réelles. Si l’autogestion peut aus­si orga­ni­ser les luttes elles-mêmes, comme dans le cas de Lip, Gorz insiste néan­moins sur le poten­tiel révo­lu­tion­naire de l’autogestion pro­duc­tive, pre­mière étape pour ren­ver­ser la domi­na­tion que les tra­vailleurs vivent chaque jour au tra­vail : « L’exigence d’au­to­ges­tion qui naît de la praxis pro­duc­tive18 ne peut s’ar­rê­ter à la porte des usines, des labo­ra­toires et des bureaux d’é­tudes. Des hommes qui ne peuvent être com­man­dés dans leur tra­vail ne pour­ront être com­man­dés indé­fi­ni­ment dans leur vie de citoyens, ni sou­mis aux déci­sions rigides d’ad­mi­nis­tra­tions cen­trales19. » Dans l’article « Syndicalisme et poli­tique » publié dans Le Socialisme dif­fi­cile en 1967, Gorz note que les cas de conquête du pou­voir ouvrier par le mou­ve­ment syn­di­cal au niveau de l’atelier, de l’usine ou de la branche, ont engen­dré un regain de mili­tan­tisme et une repo­li­ti­sa­tion quand les par­tis ont relayé l’action syn­di­cale au niveau poli­tique. Ce pro­jet auto­ges­tion­naire, dont la pre­mière forme s’incarne dans la pro­duc­tion, est pré­sen­té comme l’opposé des ten­dances auto­ri­taires (du capi­ta­lisme comme du socia­lisme sta­li­nien) pour construire une démo­cra­tie décen­tra­li­sée, fon­dée sur les com­mu­nau­tés de base des coopé­ra­tions, usines, villes et régions. Ce sont en effet à ces échelles que l’ex­pres­sion des besoins fon­da­men­taux et la déter­mi­na­tion des moyens pour les satis­faire sont les plus sus­cep­tibles de se constituer.

[Le conflit social chez Lip en 1973, décembre 1973 | ORTF | INA]

Vers une autogestion généralisée de la vie

À par­tir des années 1980, Gorz com­mence à prendre ses dis­tances vis-à-vis de la théo­rie de l’au­to­ges­tion qu’il a éla­bo­rée dans les décen­nies pré­cé­dentes. Il émet des doutes quant à la capa­ci­té de l’au­to­ges­tion pro­duc­tive à trans­for­mer radi­ca­le­ment la socié­té capi­ta­liste. Comment pour­rait-elle viser un hori­zon véri­ta­ble­ment révo­lu­tion­naire si les condi­tions de pro­duc­tion res­tent inchan­gées et si les pro­duits sont tou­jours ven­dus sur un mar­ché concur­ren­tiel ? Dans Adieux au pro­lé­ta­riat20, publié en 1980, Gorz montre que l’organisation de la pro­duc­tion implique désor­mais une divi­sion sociale et tech­nique des savoirs qui dépasse la seule uni­té de pro­duc­tion que pour­raient se réap­pro­prier les tra­vailleurs. Si une lutte contre la mon­dia­li­sa­tion, la seg­men­ta­tion et l’externalisation de la pro­duc­tion est tou­jours pos­sible pour relo­ca­li­ser et recons­ti­tuer des pro­ces­sus de pro­duc­tion plus com­plets, cela ne suf­fit pas pour retrou­ver une situa­tion où, comme dans l’ar­ti­sa­nat, le tra­vailleur com­prend et maî­trise l’entièreté de ce pro­ces­sus. Gorz est bien conscient que ces phé­no­mènes ne sont pas nou­veaux. Mais il note tout de même une rup­ture qua­li­ta­tive dans les pays déve­lop­pés en rai­son de la libé­ra­li­sa­tion des échanges de capi­taux entre pays : en même temps que Lip à la fin des années 1960, de nom­breuses usines de fabri­ca­tion ont per­du leur cœur de métier et sont réduites à n’être qu’un maillon d’une longue chaîne de pro­duc­tion. Ainsi, si l’autogestion est sou­hai­table pour reprendre du pou­voir sur l’or­ga­ni­sa­tion et les condi­tions de tra­vail, elle est mani­fes­te­ment insuf­fi­sante, en tant que telle, à éman­ci­per les travailleurs.

« Les ouvrières de l’usine de cou­ture Brukman ont repro­duit les normes capi­ta­listes telles que les règles de contrôle du tra­vail, la pres­sion mana­gé­riale et la hié­rar­chie, afin de sur­vivre dans un contexte éco­no­mique plus large qu’elles n’ont pas choisi. »

Le conte­nu et l’organisation de la pro­duc­tion sont en effet déter­mi­nés plus lar­ge­ment par sa dis­tri­bu­tion sur le mar­ché capi­ta­liste, de sorte qu’elle est sou­mise à des impé­ra­tifs externes, notam­ment de ren­de­ment, qui conti­nue­ront de sou­mettre les pro­duc­teurs auto­gé­rés. C’est pour­quoi en 1997, dans Misères du pré­sent, richesse du pos­sible21, Gorz sou­ligne que si l’autogestion peut ouvrir des espaces de pou­voir aux tra­vailleurs dans la sphère pro­duc­tive, elle peut néan­moins ren­for­cer leur asser­vis­se­ment aux normes capi­ta­listes et aux contraintes de com­pé­ti­ti­vi­té. C’est ce qu’illustrent notam­ment les recherches du socio­logue Maxime Quijoux sur les usines auto­gé­rées en Argentine après la crise de 200122. Celui-ci montre par exemple que les ouvrières de l’usine de cou­ture Brukman ont repro­duit les normes capi­ta­listes telles que les règles de contrôle du tra­vail, la pres­sion mana­gé­riale et la hié­rar­chie, afin de sur­vivre dans un contexte éco­no­mique plus large qu’elles n’ont pas choisi.

De même, la por­tée des dis­po­si­tifs de déli­bé­ra­tion démo­cra­tique au sein des entre­prises varie en fonc­tion des rap­ports de force entre sala­riés, les­quels sont déter­mi­nés par des carac­té­ris­tiques psy­cho­lo­giques et sociales qui se construisent en par­tie hors du tra­vail. Dès lors, afin de déter­mi­ner col­lec­ti­ve­ment les condi­tions de tra­vail, encore faut-il éga­li­ser les condi­tions de vie pour mini­mi­ser ces rap­ports de force. L’objectif de déli­bé­ra­tion démo­cra­tique peut encore être contra­rié par l’émergence d’un chef trop diri­giste, risque dont Piaget témoigne aus­si. Dans Adieux au patro­nat23, Maxime Quijoux étu­die le cas d’une impri­me­rie fran­ci­lienne reprise par ses ouvriers et constate que ce sont sur­tout les mili­tants syn­di­caux, déjà enga­gés dans la lutte pour la reprise, qui par­ti­cipent acti­ve­ment à orga­ni­ser le futur de leur usine. L’autogestion du tra­vail ne résout donc pas d’elle-même les pro­blèmes de la divi­sion du tra­vail capi­ta­liste et de sa pro­duc­tion. Choisir en par­tie ses condi­tions de tra­vail ne suf­fit pas à se réap­pro­prier réel­le­ment le pro­ces­sus de pro­duc­tion et le fruit de son travail.

[Le conflit social chez Lip en 1973, décembre 1973 | ORTF | INA]

Gorz sug­gère alors d’accepter cette orga­ni­sa­tion hété­ro­nome de la pro­duc­tion, déter­mi­née par des impé­ra­tifs et des normes tech­niques exté­rieurs que ne peuvent se réap­pro­prier les tra­vailleurs : cela per­met en effet d’é­co­no­mi­ser du temps de tra­vail à l’échelle de la socié­té. Il ne s’a­git pas d’abandonner la lutte pour l’amélioration des condi­tions de tra­vail et la réap­pro­pria­tion du pou­voir sur la pro­duc­tion, mais plu­tôt de prendre de la dis­tance vis-à-vis de ces seules pers­pec­tives. L’efficience des gains de pro­duc­ti­vi­té ser­vi­rait alors à réduire le temps néces­saire à la pro­duc­tion sociale et ain­si à gagner du temps de vie en dehors de la sphère éco­no­mique, temps pour des acti­vi­tés auto­nomes, dont l’ob­jec­tif n’est pas l’ef­fi­cience et dont seul l’in­di­vi­du fixe le sens et les moda­li­tés de réalisation.

« Il reste encore à déter­mi­ner le type et la qua­li­té des mar­chan­dises pro­duites, les­quelles visent, en régime capi­ta­liste, à sti­mu­ler la consom­ma­tion plu­tôt qu’à satis­faire des besoins sociaux. »

On pour­rait voir dans ce revi­re­ment une accep­ta­tion de la divi­sion sociale et tech­nique du tra­vail que Gorz dénon­çait pour­tant dans les années 1960 et 70. Cela revien­drait à consen­tir à ce que refu­sait, pour sa part, Simone Weil dans ses Réflexions sur les causes de la liber­té et de l’oppression sociale24 : être un esclave deux heures par jour. C’est que les deux pen­seurs ne se situent pas dans la même pers­pec­tive : alors que Weil cher­chait à libé­rer l’humain dans son tra­vail même, condam­nant la divi­sion tech­nique capi­ta­liste du tra­vail, jugée déshu­ma­ni­sante, Gorz consi­dère que le but du tra­vail est de gagner en effi­cience et ain­si d’économiser du temps à l’échelle de la socié­té. Pour autant, cette posi­tion n’est accep­table, aux yeux de Gorz, qu’à condi­tion d’y ajou­ter une cri­tique de la divi­sion pro­pre­ment capi­ta­liste du tra­vail, qui ne vise aucu­ne­ment l’efficience du temps et de la pro­duc­tion du point de vue de la socié­té, mais uni­que­ment du point de vue de ses propres impé­ra­tifs de pro­fit. En d’autres termes, il reste encore de déter­mi­ner le type (néces­saire ou super­flu) et la qua­li­té (bonne ou mau­vaise) des mar­chan­dises pro­duites, les­quelles visent, en régime capi­ta­liste, à sti­mu­ler la consom­ma­tion plu­tôt qu’à satis­faire des besoins sociaux. Ainsi, maxi­mi­ser l’efficience des gains de pro­duc­ti­vi­té implique d’ôter au capi­tal son contrôle de la pro­duc­tion. Or c’est pré­ci­sé­ment ce que per­met l’autogestion lors­qu’elle est éten­due au-delà des uni­tés de production.

Gorz envi­sage désor­mais le pro­jet auto­ges­tion­naire comme une réap­pro­pria­tion du pou­voir de déter­mi­na­tion de toutes les condi­tions maté­rielles d’existence de l’in­di­vi­du : la consom­ma­tion, l’habitat, le trans­port, l’énergie ou encore les loi­sirs. C’est ain­si une auto­ges­tion géné­ra­li­sée appli­quée à toutes les sphères de l’exis­tence dans les­quelles le capi­ta­lisme s’est immis­cé, et qui reven­dique le pou­voir de déter­mi­ner son temps de tra­vail, selon ses impé­ra­tifs et pro­jets propres, pour répar­tir son temps exis­ten­tiel entre temps de tra­vail social néces­saire et temps libre dédié aux acti­vi­tés auto­nomes. Ce pro­jet d’autodétermination des condi­tions de vie sous-tend aus­si son éco­lo­gie poli­tique, conçue comme une pré­ser­va­tion du monde vécu du sujet dans toutes ses condi­tions maté­rielles. Cela revient, par exemple, à pou­voir choi­sir des éner­gies renou­ve­lables dont la ges­tion est décen­tra­li­sée plu­tôt que de dépendre de l’énergie nucléaire cen­tra­li­sée et très régle­men­tée. Gorz rap­pelle ain­si que les pre­mières luttes éco­lo­giques, comme celle du Larzac qui s’op­po­sait à l’extension d’un camp mili­taire, ou celles qui s’op­po­saient à la créa­tion d’une cen­trale nucléaire ou d’une usine pol­luante, se sont jus­te­ment consti­tuées dans le but de pré­ser­ver un milieu de vie. Ces luttes sont por­tées par des col­lec­tifs auto­nomes qui s’organisent autour d’intérêts com­muns : des tra­vailleurs, des consom­ma­teurs, des usa­gers d’un ser­vice public ou des habi­tants d’un quar­tier. En ce sens, la lutte des Lip en est un exemple des plus édi­fiants. En retra­çant cette expé­rience auto­ges­tion­naire dans son ouvrage, Piaget contri­bue d’une cer­taine manière au pro­jet de Gorz : ins­pi­rer des dési­rs d’au­to­ges­tion au cœur des usines, et au-delà.


Photographies de ban­nière et de vignette : Le conflit social chez Lip en 1973, décembre 1973 | ORTFINA


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  1. Chiffres DARES ; chiffres INSEE.[]
  2. Charles Piaget, On fabrique, on vend, on se paie. Lip 1973, Syllepse, 2021.[]
  3. Comme le fait la socio­logue Danièle Linhart, notam­ment dans son récent ouvrage L’Insoutenable subor­di­na­tion des tra­vailleurs, Erès, 2021.[]
  4. Charles Piaget, On fabrique, on vend, on se paieop. cit, p. 65.[]
  5. Ibid., p. 39.[]
  6. Ibid., p. 40.[]
  7. Ibid., p. 14.[]
  8. Ibid., p. 68.[]
  9. Parmi ses prin­ci­paux ouvrages, on peut citer les sui­vants : Le Socialisme dif­fi­cile (1967), Critique du capi­ta­lisme quo­ti­dien (1973), Écologie et liber­té (1975), Adieux au pro­lé­ta­riat (1980), Métamorphose du tra­vail, quête de sens (1988). Pour une syn­thèse récente, voir Françoise Gollain, André Gorz et l’é­co­so­cia­lisme, Le Passager Clandestin, 2021.[]
  10. André Gorz, Stratégie ouvrière et néo­ca­pi­ta­lisme, Paris, Seuil, 1964.[]
  11. Ibid., p. 10.[]
  12. Ibid., p. 11.[]
  13. André Gorz, Le Socialisme dif­fi­cile, Seuil, 1967.[]
  14. Karl Marx, Le Capital, livre I, Éditions sociales, 1983, p. 547–548.[]
  15. André Gorz, Stratégie ouvrière et néo­ca­pi­ta­lisme, op. cit, p. 13.[]
  16. Ibid., p. 13.[]
  17. Ibid., p. 12.[]
  18. Il s’a­git de l’ac­ti­vi­té de pro­duc­tion par les tra­vailleurs. Gorz reprend le concept mar­xien et sar­trien de praxis pour insis­ter sur le carac­tère ini­tia­le­ment libre de l’ac­ti­vi­té mais qui se trouve alié­née dans son rap­port aux condi­tions maté­rielles dans les­quelles elle se réa­lise. Cette liber­té peut néan­moins se recon­qué­rir par une action col­lec­tive.[]
  19. Ibid., p. 118.[]
  20. André Gorz, Adieux au pro­lé­ta­riat, Galilée, 1980.[]
  21. André Gorz, Misères du pré­sent, richesse du pos­sible, Galilée, 1997.[]
  22. Maxime Quijoux, Néolibéralisme et auto­ges­tion, l’expérience argen­tine, IHEAL, 2011.[]
  23. Maxime Quijoux, Adieux au Patronat, lutte et ges­tion ouvrière dans une usine reprise en coopé­ra­tive, Éditions du Croquant, 2018.[]
  24. Simone Weil, Réflexions sur les causes de la liber­té et de l’oppression sociale, Gallimard, 1934.[]

REBONDS

☰ Lire notre abé­cé­daire d’André Gorz, mai 2021
☰ Lire notre entre­tien avec Charles Piaget : « La lutte des Lip : ren­contre avec Charles Piaget », sep­tembre 2020
☰ Lire notre article « La démo­cra­tie syn­di­cale en action », Léonard Perrin, mai 2019
☰ Lire notre entre­tien avec Fabienne Lauret : « Une orga­ni­sa­tion pour se défendre au quo­ti­dien », février 2019
☰ Lire notre abé­cé­daire de Simone Weil, mai 2021
☰ Lire notre entre­tien avec Annick Coupé : « Le syn­di­ca­lisme est un outil irrem­pla­çable », juillet 2018

Céline Marty

Doctorante en philosophie du travail, spécialiste de l’œuvre d’André Gorz.

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