Entretien inédit pour le site de Ballast
« Nous sommes ce que les banlieues font de mieux / Ce que l’État, lui, méprise », lance Brav dans l’un de ses derniers titres. Autrefois rappeur dans le tandem Bouchées Doubles, fondé en 1996 aux côtés de Tiers-Monde (deux albums virent le jour : Matière grise et Apartheid), celui que l’on appelait alors Ibrah s’apprête à sortir son premier album solo, Sous France, chez Din Records. Son nom, Brav, en dit déjà long : « C’est la bravoure des gens qui vivent dans le dernier rang de la classe sociale, qui n’ont vraiment rien. » Et, de morceaux en morceaux, Brav rappe les miskins, les prolos, les précaires, les ouvriers et les quartiers du Havre et d’ailleurs. « Au nom de la France d’en bas / Au nom de ces murs qui nous entourent et ces bâtiments / Au nom de ceux tatoués d’un « mort aux vaches » que la société délaisse / Au nom des cas sociaux fans de Jean-Philippe Smet ». Entretien.
Ton album sort le 26 janvier. Dans quel état d’esprit es-tu ?
Je crois que je suis impatient d’enfin sortir mon premier album. C’est un peu la rentrée des classes ! Tu as une angoisse mais qui n’est pas négative, ça relève plus de l’impatience. Tu as envie que les gens puissent l’écouter. Je sens qu’il y a déjà de bons retours, il y a une belle dynamique autour des premiers extraits dévoilés : ça m’encourage, ça me donne de la force, surtout.
Cet album a été commencé il y a longtemps. Pourquoi l’avais-tu mis de côté ?
Pour dire la vérité, le premier album est complètement passé à la trappe. Il devait sortir le 18 juin 2012. J’avais beaucoup tourné avec Médine, dans ses concerts, avec ses tournées Don’t Panik et Protest song, et ça m’avait donné envie de créer mon propre projet, dans cette lancée. Je pensais faire une sorte d’album interactif, avec des modules vidéos quotidiens qui expliqueraient ma démarche, les thèmes que j’aborde, et permettraient d’avoir une relation directe aux gens. Faire quelque chose d’original. On avait dix ou onze titres terminés et, je ne sais pas bien ce qu’il s’est passé, j’en suis venu à me questionner, entre le cœur et la raison… Mon activité artistique remonte à mes quinze ans et, en 2012, j’allais avoir trente ans. Et les nouveaux artistes arrivant avaient l’âge de mes débuts ! Je me suis posé des questions, je me suis demandé si ça servait vraiment à quelque chose encore de sortir un CD, aujourd’hui, dans l’industrie du disque. Je viens de province, j’avais tout à faire, j’allais sur mes trente ans…
« Ce n’était pas un rejet mais il fallait que je souffle. Je suis allé en Tunisie, en Turquie, au Canada, au Liban, en Palestine. Je voulais voir le Proche-Orient. »
Est-ce que ça valait le coup, tout ça ? Je me suis découragé. L’album n’est pas sorti. Et, entre temps, Médine est rentré en studio. J’ai fait un break côté musique, j’ai énormément voyagé. Je me suis concentré sur mon autre activité, le graphisme, le design, la vidéo. J’avais dit à Médine que j’arrêtais les tournées. Ce n’était pas un rejet mais il fallait que je souffle. Je suis allé en Tunisie, en Turquie, au Canada, au Liban, en Palestine. Je voulais voir le Proche-Orient. Ça m’a donné une autre vision de la vie. J’ai réalisé que j’étais finalement bien en France, qu’il y a un confort de vie qu’on a tendance à négliger. Ça a remis des choses en place chez moi. J’ai compris que je n’étais pas obligé de trancher, entre cœur et raison, que j’avais encore des années à consacrer aux deux. Je suis amoureux de la musique mais il faut ramener de l’argent, il y a des obligations familiales derrière. Mais j’ai réalisé qu’on pouvait lier les deux.
Tu as donné un titre à Kery James, du coup ?
Oui, « Post-scriptum ». C’était un titre de mon album. C’était un de ceux que j’affectionnais le plus, mais je me suis dit que Kery l’amènerait beaucoup plus loin que moi. Seuls les titres « Sous France », qui donne son nom à l’album, et « L’Arche » sont restés. Tout le reste est en cartons, en suspend. Ils sortiront peut-être sur Internet, on verra. J’aime bien partager.
Le titre évoque l’idée de « France blessure » qu’on retrouve dans ton morceau « Brav’heart ».
Oui, c’est très lié. J’ai une ligne de conduite en matière d’écriture. Je veux quelque chose d’à la fois personnel et universel. Je me sers de moi pour parler de tout le monde. Ce premier album a une identité un peu à part, dans la scène rap. On me dit que j’affirme mon côté franchouillard ! (rires) Je suis un jeune issu d’un quartier populaire, du Havre, français sans origine particulière – quoique, je descends des Vikings ! (rires) J’ai rapidement trouvé mes thèmes d’écriture.
Tu écris comment ? Avant ou après la composition musicale ?
« J’aime la poésie, je l’ai toujours aimée. Oui, je pourrais très bien assumer ce côté-là. »
J’écris toujours le refrain en premier. Je veux faire des titres qui marquent. Les thèmes, ce n’est pas le problème d’ailleurs, tout le monde en a. Je peux te faire une chanson sur une chaussure, demain. Mais comment tu vas parler d’elle ? Elle est bleue, a des lacets et on n’en parle plus ? Ou il va y avoir quelque chose qui retiendra l’attention ? Le refrain doit rester dans la tête. Une fois que je l’ai écrit, j’attends, et si le lendemain il me donne envie d’aller plus loin, je travaille sur les couplets. Sinon, je pars sur autre chose. J’écris aussi des textes que je n’enregistre pas. Je n’écoute pas que du rap, j’écris des choses qui partent vers d’autres directions, même si je reste le seul à les lire.
Tu avais rendu hommage au poète palestinien Mahmoud Darwich. Est-ce que, comme Kery James, tu penses que les rappeurs sont « les héritiers des poètes » ? Tu dirais que tu écris toi-même de la poésie ?
J’aime la poésie, je l’ai toujours aimée. Oui, je pourrais très bien assumer ce côté-là. Certains de mes textes ont cette dimension. Je pense par exemple à une phrase que j’ai écrite, dans « Post-scriptum » : « Parmi les pauvres, enterrez-moi sans roses / En espérant qu’il pleuve, qu’on pleure au moins pour quelque chose ». Ça aurait pu être un vers d’un vrai poète ! (rires) J’aime la poésie. Darwich, je l’ai découvert en Palestine. Je suis allé sur sa tombe, à Ramallah. Avant de m’y rendre, je connaissais de lui « Je suis arabe », un beau poème, et j’ai approfondi ensuite. Un poème que j’aime beaucoup, de Wystan Hugh Auden, un Anglais, c’est « Arrêter les pendules ». Ça dit : « Arrêter les pendules, couper le téléphone / Empêcher le chien d’aboyer pour l’os que je lui donne / Faire taire les pianos et les roulements de tambour / Sortir le cercueil avant la fin du jour » J’aime bien ces phrases. Je les avais samplées. « Que les étoiles se retirent, qu’on les balaye / Démonter la lune et le soleil / Vider l’océan, arracher les forêts / Car rien de bon ne peut advenir désormais »…
Tu voulais utiliser une peinture de Napoléon pour la pochette de ton album. Pourquoi ça ne s’est pas fait, finalement ?
On m’a dit que, contractuellement, je ne pouvais pas utiliser une image aussi connue et lui mettre un autre sens que celui qu’on lui a donné. Je voulais reprendre ce symbole français qu’est Napoléon et ajouter dessus le titre du CD, Sous France, pour signifier le déclin : un empire qui jouait les rois du monde et voilà où on en est. N’importe qui peut utiliser des symboles avec Marianne, même des trucs obscènes, et tout passe : je veux, en tant que rappeur, utiliser cette peinture et on me dit que j’ai pas le droit. Coldplay l’a fait ! Jay‑Z, il n’aura aucun souci à reprendre la Vénus de Milo ! Le rap français, on est vraiment considérés comme des moins que rien. On ne peut pas toucher aux symboles. Ça m’a un peu peiné.
Dans une de tes chansons, tu dis « Tel père, tel fils…
« Ni Dieu ni maître ? Je crois en Dieu. Disons que je suis « ni maître ». »
… je descends d’une lignée d’anarchistes » ! Mon père est normand, ma mère est bretonne. Mon père a été abandonné très jeune. Mon grand-père était un révolté. Et côté maternel, c’est une famille de pêcheurs. Très révoltés aussi ! Des gens très modestes qui ont toujours eu des problèmes avec l’État français. Cette phrase, c’est ça. Le père de ma grand-mère a été enfermé dans des camps allemands, pendant la Seconde Guerre mondiale, pour insolence, insubordination. Anarchistes, oui, on peut dire qu’ils l’étaient ! Mon père est un croyant qui hésite. Il a beaucoup dégusté. À quatorze ans il était marin, il a fait les terre-neuvas. Puis maçon et électricien. C’est un révolté, c’est pas un mec qui vote, il en a rien à cirer.
Et toi, tu te dirais anarchiste ?
Non, je suis pas anarchiste. Ni Dieu ni maître ? Je crois en Dieu. Disons que je suis « ni maître » (rires). En fait, pourquoi pas, même ! J’ai envie de te dire que je me retrouve dans chaque personne qui défend une cause juste. Si la cause l’est, j’en suis. Je milite avec toi, pas de problème, même si on n’est pas d’accord sur tout.
Tu as fait savoir, dans une interview, que tu avais une responsabilité en tant que rappeur. C’est-à-dire ?
« Si je dis aux jeunes qu’il faut tout brûler, qu’il faut niquer la vie, que seule la thune compte, tu imagines si je dis ça ? »
Quand tu écris, tu reçois des messages en retour. Certains me disent : « Grâce à certaines de tes paroles, j’ai changé ma façon de voir les choses dans la vie. » Ou ont repris des études. La responsabilité, elle est là. Des gens prennent les chansons au premier degré. Ça influe chez eux, ça laisse une trace. Comme moi, gosse, quand j’écoutais les textes d’Idéal J. Si je dis aux jeunes qu’il faut tout brûler, qu’il faut niquer la vie, que seule la thune compte, tu imagines si je dis ça ? Et que je reçois ensuite des messages qui me disent : « Grâce à toi, tu m’as révélé quelque chose, ça y est, je vends du shit. » Quand j’écris, je sais qu’il y a des choses qui sont dangereuses à dire.
Il y a cinq ou six ans, tu déclarais que tu ne te sentais plus en phase avec le rap français. Tu penses la même chose aujourd’hui ?
J’écoute la scène rap pour me tenir au courant de ce qui se fait, mais je ne vais plus, comme avant, acheter tous les albums aussitôt. Mais il y a des choses magnifiques, des gens qui écrivent super bien. Il y a eu, à un moment, un passage à vide du rap français : il répétait tout le temps la même chose. Même musicalement. Il y a un nouvel élan. J’écoutais TiTo Prince tout à l’heure ; il a son univers. Quand tu écoutes des mecs comme 1995 ou Nemir, c’est pareil. Il y a une variété de raps. Ce n’est plus comme avant : soit tu fais du conscient, soit de l’egotrip. Ce n’est plus comme ça. Je me retrouve mieux dans cette variété. Il y a plus de plats à manger, c’est bon, je suis content (rires).
Et le mot « conscient », tu en fais quoi te concernant ?
« J’ai du mal à me taire. Le jour où je ne parlerai plus de politique, c’est que tout ira bien ou que je serai mort. »
J’ai un problème avec ce mot. Les gens croient que c’est chiant. Que c’est « con-chiant » (rires). Si on entend par là un rap à messages, oui, d’accord, on peut m’y mettre. Mais c’est hors de question que je fasse du rap conscient poussiéreux. Moi je veux la dernière paire de pompes, mais faites en commerce équitable ! (rires) Je veux pas d’un truc qu’on a déjà fait mille fois. On peut rivaliser avec tous les mecs qui font des belles choses, des beaux sons, mais qui n’ont pas de propos. J’ai besoin de vider mon sac. Je suis incapable de m’habituer aux inégalités. J’ai du mal à me taire. Le jour où je ne parlerai plus de politique, c’est que tout ira bien ou que je serai mort. C’est que j’aurai plus de cœur. J’arrive pas à rester indifférent. Je peux pas. Si quelqu’un bouffe pas, ça me travaille. Les mecs qui dorment dehors, c’est pareil. Je peux pas faire autrement que de penser comme ça. Mon nom, Brav, c’est ça.
Tu rappais sous le nom d’Ibrah [Ibrahim] avant, quand tu étais dans Bouchées Doubles.
Ça ramenait trop à ce que j’étais personnellement. Les questions, c’était toujours autour de ça : Ibrah, t’es blanc, t’as un nom arabe, on pige pas trop. Je n’ai pas envie qu’on me parle de ça. J’ai envie qu’on parle de musique, de combat. J’essaie de faire des choses. Peu importe si ça aboutit ou pas… Quand je serai vieux, je pourrai dire à mes enfants : on a essayé. On n’est pas restés là à rien faire. Moi les choses me mouillent, me touchent.
Tu nous parlais de ton voyage en Palestine tout à l’heure. Tu en as fait un livre, La lune sans les étoiles. Comment est né ce projet ?
« J’ai pu voir la condition des Palestiniens là-bas. Ça m’a vraiment retourné. Tu ne peux même pas imaginer l’ampleur des dégâts. »
À la base, il y a un groupe qui s’appelle Gaza Team. Il y a deux Palestiniens dedans, qui ont fui la guerre. Ils m’ont demandé de les accompagner. On est d’abord allés au Liban et j’ai pu y voir la condition des Palestiniens là-bas. Ça m’a vraiment retourné. Tu ne peux même pas imaginer l’ampleur des dégâts. Plus tard, on est allés à Naplouse, à Ramallah. J’ai fait un documentaire autour de ce groupe et je prenais plein de photos, pour tenir mes proches informés. Et un soir, à l’hôtel, je me suis dit qu’on pourrait en faire un livre et récolter des fonds pour les redistribuer aux gens que j’avais croisés dans les camps de réfugiés. Au retour, j’ai regardé comment on pouvait gérer ça techniquement. J’ai vu qu’il y avait un site de crowdfunding musulman et…
Ah oui, ça existe ?
Tout existe, quand tu fouilles. Tu veux un kebab avec des carottes râpées, tu trouves ! (rires) Finalement on l’a fait avec Ulule et le hasard a fait qu’une des femmes qui le gère revenait tout juste de Palestine : elle a kiffé le projet et nous a aidés. Enfin, je ne crois pas au hasard : tu fais des rencontres et faut foncer. L’opération israélienne « Bordure protectrice » est arrivée au même moment. On a été dépassés : on comptait récolter 2 500 euros pour les frais d’impression et on a eu 8 000 euros. Médine a fait le morceau « Gaza Soccer Beach » et un ami nous a offert une toile. L’argent va aller à l’association NAWA, de Gaza, qui prend en charge la reconstruction psychologique des enfants après la guerre. On arrive à 15 000 euros. Voilà pour ce projet.
« Changeons notre façon de consommer la musique, sortons de cette dimension commerciale qui a depuis longtemps gangréné ce milieu », as-tu écrit récemment. Comment envisages-tu de construire ce projet « alternatif » ?
Les gens n’achètent plus de CD. On ne consomme plus la musique comme avant. Jeune, j’achetais les albums mais je me souviens qu’il n’y avait que trois morceaux que j’aimais. Il faut amener les gens sur des terrains auxquels ils ne s’attendaient pas. Je prends la musique comme ça. On veut que je fasse tel genre de rap ? Je vais dans l’autre sens pour les surprendre. Donner envie aux gens de me suivre, ce n’est pas vendre des titres, d’ailleurs : tu peux donner des vidéos, des morceaux gratuits, des créations pas encore mixées. Pour faire entrer les gens dans ta propre dynamique artistique. Il faut avoir un rapport beaucoup plus proche aux gens. Tous les messages que je reçois commencent pareil : « Je sais que tu ne liras jamais ce message mais… » Je réponds à tout le monde. Les gens ont besoin de savoir que y’a un être humain derrière la musique. L’alternative, c’est d’être proche des gens. C’est l’humain d’abord – c’est mon côté communiste, ça ! (rires)
« Je compte faire des concerts dans la rue, à l’arrache. Genre je fais mon album en live dans le métro. J’ai pas besoin que tu viennes à telle salle de concert. »
Quand j’étais môme, j’aurais aimé qu’on me réponde. J’avais écrit à Michael Jackson ! (rires) Je te promets ! Lino dit ça : « J’ai même des gosses plus vieux que moi. » Des gens de quarante ans qui écoutent ta musique… J’ai fait pleurer une femme l’autre fois. Ça m’a gêné, je suis très pudique sur ça. Tu te rends pas compte de la portée d’une parole. Tu te rends pas compte… Si je pouvais tout faire gratuitement, je le ferais – malheureusement, tu sais comment c’est, y’a des choses à payer, y’a des investissements. Quand on me demande en featuring, je ne demande pas d’argent. Parfois quand je demande à des gens de participer, ils m’envoient leurs tarifs et… Je comprends qu’ils m’annoncent le prix mais c’est quoi ? Si je te paie un peu plus, tu vas écrire mieux ? (rires) Je compte faire des concerts dans la rue, à l’arrache. Genre je fais mon album en live dans le métro. J’ai pas besoin que tu viennes à telle salle de concert. Viens, je le fais dans la rue, je m’arrange avec la ville.
Un peu comme tu as fait un de tes clips en direct à la gare Saint-Lazare ?
C’est exactement ça ! C’est ça qu’on veut faire. Je veux coller les affiches moi-même, être au départ du truc. Comme quand j’ai commencé la musique. Les voyages m’ont sans doute révélé ça : c’est fini le temps où tu crois que t’as réussi. T’es pas encore arrivé. T’es même pas encore parti ! Tu sors ton premier album solo et tu dois déjà te remettre en question, comme si tu venais d’arriver. On a un passif, ça fait dix à quinze ans que je suis dans le métier. J’ai vu les coulisses, les tournées remplies de Médine. On peut croire que ça y est, on est arrivés. Mais je ne suis pas Médine !
Votre label, avec Médine, Tiers-Monde et les autres, s’appelle Din Records. On traduit généralement dîn par « religion », en arabe. Quelle place occupe la spiritualité dans votre démarche ?
« Au-delà de la religion, c’est une éthique, un noyau, un espace et un lieu communs. Ce n’est pas sectaire, c’est une quête pour s’améliorer. »
Dîn, c’est aussi la voie, le chemin. Au-delà de la religion, c’est une éthique, un noyau, un espace et un lieu communs. Ce n’est pas sectaire, c’est une quête pour s’améliorer, pour tenter de devenir une meilleure personne. Ensuite, on fait chacun nos choix, on n’est pas toujours d’accord entre nous, mais notre lieu commun c’est l’islam. Tout le monde, cela dit, n’est pas musulman chez Din Records. Ce qui importe c’est vraiment l’éthique. Qui veut venir vient ! Simplement, respecte. Il y a des choses qu’on ne peut pas dire : j’ai des petits frères, des petites sœurs, j’ai des parents, ma mère doit pouvoir entendre mes paroles ! (rires) Les paroles restent. On a aussi un mode de vie. Au studio, personne ne boit, personne ne fume. Tu veux fumer ou boire ? Aucun souci, mais pas dans le studio. Si je viens chez toi, je respecte tes règles, je vais pas venir me balader en caleçon ! (rires) C’est la même chose. C’est juste un lieu commun. Après, on est différents. Tiers-Monde penche pour le vote blanc : il dit « Tous pareils ! » Je lui dis qu’il est fou, faut voter, faut voter le moins pire, mais faut voter !