Sanité Bélair, Suzanne Voilquin, Claire Démar, Antoinette Pascal, Flora Tristan : qui se souvient de ces noms ? Le patronyme de la dernière est sans doute celui qui sonne le plus familier. Avec ces contemporaines, celle surnommée « la paria » fait partie de ces « féministes d’avant le mot » qui, au début du XIXe siècle, s’attachent à poursuivre le combat de leurs ainées des Lumières et pavèrent la route pour les suivantes – les Louise Michel, Madeleine Pelletier, Hubertine Auclert et tant d’autres. Ce sont elles qui peuplent une partie des pages de l’ouvrage de l’historienne Ludivine Bantigny qui paraît ces jours-ci : Nous ne sommes rien, soyons toutes ! Un récit courant de 1789 à aujourd’hui, qu’incarnent les figures reconnues comme oubliées des luttes féministes et dont nous publions un extrait.
C’est pourquoi celles qui contestent cet ordre établi, au nom du droit et de l’égalité, sont marginalisées. Elles tentent de trouver un équilibre, toujours précaire et menacé, entre passé et avenir : elles puisent dans l’histoire la puissance d’exemples vivants capables de les inspirer et se projettent sans cesse dans un futur émancipé. Encore faut-il le façonner et se battre pour qu’il advienne. Cela se fera d’abord par elles, sans attendre qu’il surgisse d’en haut, puissance divine, pouvoir séculaire et même hommes révolutionnaires : pour ce qui est de ces derniers, leurs contradictions ou leur pusillanimité déçoivent souvent. Ces femmes, leurs pensées, leurs actions et leurs initiatives, forcément subversives, apparaissent anticonformistes. Elles sont dès lors intempestives, comme décalées dans leur époque qu’elles contribuent pourtant à forger.
« Tout est si transgressif alors dans les luttes des femmes : les féministes d’avant le mot connaissent la marginalité politique et sociale. »
Surtout, elles incarnent des idées, avec leurs corps, qui comptent. Même critiquées et bafouées, elles se livrent à leurs luttes. « Se livrent », y compris en se racontant, car les récits de vie révèlent le poids des chaînes et le fardeau des injustices. Cette mise au jour comme mise à nu suppose beaucoup de courage, en un temps où la parole et l’action des femmes sont renvoyées à l’illégitimité et l’opprobre. Leur reproche-t-on de troubler l’ordre ? Elles renversent la charge accusatrice, fortes d’une volonté opiniâtre : montrer que le « désordre » n’est pas où on le croit.
« Viv libète ! A ba esclavaj ! »
Sanité Belair
Qui parle pour les effacées en effet ? Pour les femmes qui, à La Réunion, en Guadeloupe ou à Saint-Domingue, se dressent contre le rétablissement de l’esclavage, se battent à la vie à la mort, le plus souvent à la mort et pour la liberté ? Elles sont ensevelies dans le tombeau de l’oubli. Enfermées, même, à triple tour. D’abord par le manque criant de sources écrites que disputent néanmoins la transmission orale et sa vitalité : la tradition par exemple qui invoque les prêtresses mambos de Saint-Domingue, artisanes de rites vaudous entourées de légendes. Elles ont été actives, comme Cécile Fatiman, dès le premier soulèvement d’esclaves et affranchis, en 17912. Ensuite par une historiographie elle-même androcentrée, qui les a longtemps reléguées dans des notes de bas de page, appendices ou nota bene. Enfin par la tradition masculiniste qui les a minorées, posées en victimes, en épouses, en objets mais rarement érigées au statut de « mères de la nation » libérée par la révolution. Partant, comment évoquer le combat de l’esclave Héva à La Réunion ? Comment sortir Marinet Bwachèche, Erzulie Dantó ou Défilée Bazile des nimbes de mystère qui les enveloppent et les enserrent3 ? Comment parler des « sœurs de Solitude4 », sœurs en révolte acharnée, couturières, domestiques, blanchisseuses ou pacotilleuses, restées anonymes tandis que Solitude finira par avoir sa statue sur une petite place de Paris ?
[Bice Lazzari]
Après combien d’années ? Plus de deux cents ans pour se rappeler son engagement dans une Guadeloupe insurgée et finalement écrasée par les troupes du général Richepance. Solitude, son enfant à peine né, est exécutée le 29 novembre 1802. Comment ne pas enfermer Claire Heureuse et Sanité Belair dans l’identité subalterne et figée de « femme de » ? À Saint-Domingue, toutes deux participent pourtant à l’insurrection, devenue révolution puisqu’elle finira par renverser la domination française et conquérir l’indépendance. Claire Heureuse, combattante et infirmière — inséparablement les deux —, organise le ravitaillement et les soins tout en tenant parfois les armes à la main. Elle est l’épouse de Jean-Jacques Dessalines, héros en Haïti dont il sera le premier roi. Cependant, épouse, elle n’est pas que cela. Elle s’oppose d’ailleurs à Dessalines en exigeant plus d’humanité dans le traitement réservé aux colons, ce qui n’empêche pas les massacres pour autant ; elle se bat dans ce déchirement. Et Sanité Belair, une officière, sergente puis lieutenante, confrontée aux troupes du général Leclerc qu’a envoyées Bonaparte. Ce Leclerc le reconnaît, dans l’acharnement des batailles : « Les hommes meurent avec un fanatisme incroyable, ils se rient de la mort. Il en est de même des femmes5. » Il ordonne qu’on tue jusqu’au dernier « les nègres des montagnes, hommes et femmes ». C’est dans ces montagnes, sur les hauteurs de l’Artibonite, que Sanité Belair s’engage.
Ces femmes parfois crient « Vive la mort ! », la préférant à la servitude. Les esclaves marronnes s’enfuient, sont reprises, torturées, tentent de nouveau leur chance, mutilées encore et s’échappant encore, comme l’esclave Rosette qui a un couteau pour se défendre et le brandit à la face des maîtres. Certaines marchent à l’échafaud en relevant la tête, décidées à n’être pas tout à fait désespérées au seuil de leur supplice : au moins, leur ventre ne portera plus d’esclaves6. Elles sont presque heureuses alors de dérober leur corps à la possession radicale fixée par l’esclavage. Quelques-unes savent fabriquer des armes et placent des concoctions létales dans l’attirail de leurs résistances. Malgré l’anachronisme de l’expression, il y a sans doute un « féminisme marron7 », porté par des femmes esclavagisées qui réussissent à s’échapper. Cela s’avère d’ailleurs toujours plus dangereux pour elles, car elles sont freinées par les soins à apporter aux enfants. On le voit par exemple en août 1802, lors d’une opération de fuite collective : les colons lancés à leur poursuite ne parviennent pas à rattraper les hommes, mais les femmes, restées un moment en arrière, sont capturées et exécutées8.
Exécutée, Sanité Belair va l’être aussi, ce 5 octobre 1802. Faite prisonnière au côté de son mari et d’autres insurgés, elle exige de recevoir le même traitement que les hommes : elle se débat face au bourreau et n’aura pas la tête tranchée. Elle mourra debout, fusillée comme les autres, comme les hommes. Avec un dernier cri à ce que l’on dit : « Viv libète ! A ba esclavaj9 ! » Aujourd’hui encore, la tradition la maintient dans la place exiguë de l’épouse, toute guerrière qu’elle ait été. En Haïti du moins, la statue de Sanité se dresse à Verrettes où elle est née. Mais en France, nulle part. Jusqu’à ce que peut-être son histoire gagne la bataille contre l’oubli et son sarcasme.
« Pitié donc ! de ces codes de morale que les hommes ont faits seuls »
Suzanne Voilquin
Les nouvelles philosophies qui apparaissent à cette époque, à l’instar des utopies sociales, ne restent pas silencieuses sur l’esclavage. Les saint-simoniens s’y opposent, en raison de l’asservissement infligé hors de tout droit moral, mais également avec un parti pris économique : abolitionniste, l’école saint-simonienne calcule que le développement industriel et la prospérité peuvent se passer de la servitude10. Mais bien qu’il soit basé sur une pensée de l’égalité, proposant concrètement l’abrogation de l’héritage et la suppression de tous les privilèges, le saint-simonisme garde ses points aveugles. Forcément, comme tous les angles morts, ils réduisent le champ de vision et l’imagination d’une société émancipée de tous ses rapports d’oppression. Si l’esclavage ne mérite pas de subsister, la colonisation est quant à elle prônée11 : l’utopie alors serait réalisée parce qu’elle serait localisée, ancrée dans un lieu que l’on pourrait prendre à autrui – mais cet aspect reste impensé.
[Bice Lazzari]
Les femmes jouent un rôle puissant dans ces courants féministes avant que l’adjectif existe. À la tête du saint-simonisme au côté d’Armand Bazard, Prosper Enfantin défend une vision spirituelle fondée sur la Femme-Mère12. Les contradictions demeurent néanmoins, en même temps que les tensions. D’abord, c’est lui, un homme, « le Père » dans ce courant mêlant rationalisme et mystique, qui en décide. C’est lui, un homme, avec d’autres hommes, qui invite les femmes à s’exprimer et prendre la parole pour décrire leur condition. Cette parole, ils la leur donnent, comme s’ils la leur octroyaient, par conviction mais aussi magnanimité, du haut d’une supériorité masculine maintenue envers et contre les principes. Enfantin crée certes une rupture parmi les siens en proclamant l’égalité des sexes, ce qui provoque une dissidence dans le mouvement. Mais dans la communauté pourvue de « degrés », les femmes n’occupent pas les places importantes pour autant. Enfantin encourage les femmes à se confier, à faire le récit de leur vie, matériau pour explorer les inégalités qui recouvrent la société d’un lourd manteau troué. Or même dans le saint-simonisme, malgré l’insistance sur l’importance des femmes, à commencer par la Mère-matrice d’une harmonie universelle, les femmes sont toujours plus exposées au moralisme et à la critique.
En tout cas, Suzanne Voilquin n’hésite pas : elle est décidée à se raconter. Elle se sent les forces nécessaires pour accomplir de grandes choses et arracher, bien plus que le principe de l’égalité des sexes, sa mise en œuvre concrète. « Fille du peuple », elle mène longtemps une vie d’ouvrière, de couturière qui connaît privations et pauvreté. Rue Sainte-Opportune, dans le cœur du Paris populaire, elle occupe à la fin des années 1820 une mansarde dans la maison « la plus noire, la plus singulièrement bâtie et la plus malsaine de tout ce vieux quartier13 ». Elle essuie la cruauté d’une rupture amoureuse avec un homme qui l’a agressée, puis séduite, qui lui avait fait des promesses pour finalement l’abandonner. Elle en conçoit longtemps du mépris, non pas seulement pour lui, mais « pour son sexe ». Soubassement de son féminisme peut-être. Ces ouvrières, qui parviennent à se maintenir « fières et dignes » malgré l’exploitation, la violence masculine et la misère, elle ne cessera plus de les défendre et de se battre pour l’amélioration de leur sort. Elle apprend les métiers de sage-femme et d’infirmière. Et se passionne pour le saint-simonisme, qu’elle découvre dans le milieu ouvrier des typographes et imprimeurs. C’est d’ailleurs avec des ouvrières, « deux jeunes filles prolétaires », qu’elle fonde un journal féministe avant la lettre : La Femme libre. Ses compagnes d’écriture et d’élan politique se nomment Désirée Véret et Reine Guindorf. C’est vrai, elle se sent d’abord « plus timide » qu’elles et son premier article est prudent : les femmes doivent mener une « croisade pacifique » ; combattre, d’accord, et lutter, mais avec « des armes courtoises ». Ces armes au contraire, Reine Guindorf et Désirée Véret entendent les affûter, aiguiser les lames d’une bataille à gagner : celle de l’égalité. Elles s’éloignent et laissent à Suzanne le journal, dont elle change le titre, et qui hésite, en change encore, pour ne pas s’attirer les railleries — c’est peine perdue dans une époque qui ne peut être convaincue. Trop en avance, trop éclaireuse. Mais Suzanne en est persuadée : c’est là le germe de l’avenir. Le journal s’appelle donc tour à tour Apostolat des femmes, Affranchissement des femmes, La Femme nouvelle puis La Tribune des femmes, jugé plus neutre et moins rebelle14. La rébellion est dans son contenu : il réclame l’« affranchissement des sexes », la mise à bas des préjugés, le droit au divorce et même une « féminisation de la société ».
Suzanne Voilquin se sent libre en effet. Elle ne souhaite pas se fixer à un seul port d’attache, elle ne veut pas s’amarrer. Ses origines ne la disposent peut-être pas aux grands voyages. Pourtant, elle part, elle en est capable. Prête pour l’Orient ottoman, prête à la découverte, prête à remplir cette mission qu’elle répète : « Colonisons, colonisons ! », tout imprégnée sans doute de la conquête de l’Algérie amorcée sous Charles X. Alors, quand une partie des saint-simoniens, après les arrestations et la répression de 1832 avec l’incarcération d’Enfantin, décide de quitter la France pour l’Égypte, elle s’embarque elle aussi. Elle n’est pas au Caire en touriste et ne se ménage aucune peine. La peste effroyable qui décime la population ne la fait pas fuir : elle reste, ne se protège pas, soigne, se rend au chevet des malades, accompagne dans la mort les personnes les plus proches, blanches et arabes. Elle-même contracte la maladie, à laquelle elle survit15. Fille du peuple, c’est le peuple qui l’intéresse et parmi lequel elle veut vivre. Féministe, c’est auprès des femmes égyptiennes qu’elle veut être.
Une brèche s’ouvre ici, l’une de ces contradictions qui n’épargnent pas les mouvements d’émancipation. Suzanne Voilquin prône l’égalité et l’harmonie universelle, elle se détache d’un Occident qu’elle trouve figé et trop ancien. Cela n’extirpe pas ses préjugés et un racisme enraciné, quand bien même elle tenterait de s’en défaire, autant par l’enquête que par la vie quotidienne, deux ans durant. Ses mots sur les hommes et les femmes du Congo sont aujourd’hui insupportables : elle en parle comme d’un « type bestial ». Et la « physiognomie étrange » des Arabes l’inquiétera longtemps. Une même ambiguïté se loge dans son rapport aux femmes égyptiennes. D’un côté, depuis des années, elle défend l’amour libre, une sexualité émancipée de contraintes hypocrites imposant aux femmes une chasteté de mœurs. De l’autre, elle juge avec un étonnement mêlé de condescendance les femmes arabes dont les yeux sont pour elle « d’une langueur provocante » et plus encore la danse des almées qu’elle compare à des bacchantes, devant ce qu’elle nomme lascivité et impudeur : la « sensualité voluptueuse » semble tout à la fois la choquer et la troubler. Un abîme s’ouvre sous ses pieds. Où se situe la liberté ? Où est donc cette chair admise et assumée sans le moralisme en vigueur ? Suzanne s’efforce toujours d’être honnête dans ses descriptions : elle met en valeur les femmes égyptiennes quand elle décrit leur démarche, leur tournure, leur allure d’une « grâce » et d’une « noblesse de nymphes16. C’est elle, sans doute, qui est perdue dans ses repères. Elle se trouve au milieu du gué.
[Bice Lazzari]
Mais ce qu’elle fait est déjà énorme, absolument dissonant et détonant pour son époque. Elle s’habille en homme17. Sans cesse, sans cesse, elle souhaite vivre « indépendante », faisant « bon marché de l’opinion du monde », partant dans des contrées plus éloignées encore, la Russie et l’Amérique. Une « odyssée féminine18 », sans doute : l’adjectif souligne qu’elle est exceptionnelle. Une odyssée féministe aussi. Elle admire George Sand comme « une étoile brillante », pour la musique de son style, pour ses « pages éloquentes » mais surtout pour son immense liberté. Elle a conscience d’avoir publié quant à elle un journal modeste — mais bel et bien celui d’une Femme libre. Il s’agit de ne négliger aucune pierre dans l’édifice de l’égalité des sexes, en soi très révolutionnaire. Dans ses mémoires, c’est une phrase de Lamartine qu’elle place en exergue : « Le pas d’une fourmi pèse sur l’univers19. »
Suzanne Voilquin est confiante : elle croit en la prise de parole des femmes, en la « vérité toute nue » devant laquelle le reste n’est plus que « fausses vertus ». La dignité humaine n’est pas dans le silence contrit ni dans les parchemins des secrets. Elle est dans les cris qui demandent justice, elle est dans la hardiesse. Les hommes auront tout intérêt à écouter. Car pour Suzanne, pratiquant là un retournement que les féministes rendront familier, les femmes ne sont pas seules à subir le joug de l’oppression. Les hommes, dit-elle, sont « esclaves autant que nous » tout en s’en rendant responsables : si les femmes sont soumises à la force, les hommes le sont au mensonge et à la ruse, « qui les enlacent toute leur vie ». Foin de l’hypocrisie. Foin de ce « vieil Occident » qui se prétend moral mais qui est décadent, reconduisant l’exploitation et l’abaissement. Les liens du mariage que la société juge sacrés sont un sommet de duplicité. Leur double morale sexuée maintient les femmes sous tutelle tandis qu’ils donnent aux hommes la part belle : ils en font des maîtres. C’est un absurde absolutisme — le symbole de « l’exploitation qui abrutit notre sexe ». C’est bien pourquoi le « monde moral » auquel aspirent les saint-simoniennes ne saurait être celui-là. Ce qu’elles veulent, c’est la liberté et l’indépendance matérielle. Alors il FAUT parler. Confier et publier des « vérités utiles aux femmes », quitte à y perdre, en réputation et en humiliation. Suzanne Voilquin s’y consacre ; elle ne craint pas le qu’en-dira-t-on. Elle ne redoute pas de publier le texte d’une autre femme, quand bien même le fait de mêler son nom au sien pourrait accroître encore les quolibets et surtout la condamnation. Parce que ce texte, « ce grand cri de liberté est le plus fort, le plus énergique qui ait été jeté au monde par une voix de femme20 ».
L’heure est sonnée
Claire Démar
Son cadavre dans la fosse commune. Enseveli au Père-Lachaise, avec les pauvres, comme un chien. Claire Démar est morte dans la misère. Deux jours plus tôt, rue de la Folie-Méricourt, la balle a traversé son crâne. Le double suicide de cette femme encore jeune, d’environ trente-quatre ans, et de Perret Desessarts, âgé quant à lui de vingt ans, suscite la rumeur, le scandale, le débat : il fait beaucoup parler la presse, en août 1833. À l’heure de sa mort choisie, Claire Démar a laissé en évidence sur une table deux lettres et un manuscrit, à l’intention de Prosper Enfantin. Et c’est ce manifeste que Suzanne Voilquin se charge de publier, en signant sa préface : Claire Démar le réservait à La Tribune des femmes.
Il s’intitule Ma loi d’avenir. Le titre parle évidemment : d’un espoir au futur et d’une nouvelle morale qui ne serait plus entachée d’hypocrisie et d’infamie. Comme Suzanne, Claire est persuadée que les femmes doivent parler, quelles que puissent être leurs voix : puissantes et énergiques, tremblantes et indécises, discordantes et heurtées, inarticulées peut-être, ou bien harmonieuses. Qu’importe : en la matière il ne faut ni normes ni règles. « Toute voix de femme sera entendue et écoutée. » Elle-même se dit incapable d’étouffer ce qu’elle a à dire, de le passer au crible, au filtre des convenances d’un monde trop vieux pour elle ou pruderie chrétienne. Suzanne et Claire se rejoignent dans la condamnation du mariage tel qu’il est, l’union légale et conjugale qui soumet la femme. Mais Claire Démar va plus loin. À ses yeux, le jour des noces est une fête « licencieuse » et « lubrique », moment où un homme montre à la face des invités qu’il va mettre une femme dans sa couche. Le lit nuptial est ici campé en objet de railleries par des hommes échauffés. La jeune mariée est comme livrée, exhibée aux regards vicieux, au milieu d’une orgie de danse et de vins. Le contrat de mariage, loin d’être le signe émouvant qui unit deux amants, ressemble au protocole d’un usurier : « cent pour cent [d’intérêt] ; c’est à prendre ou à laisser21 ». Pour Claire Démar, cette cérémonie-là ne saurait être une joie ; elle scande plutôt le chemin d’une « EXPLOITATION ».
[Bice Lazzari]
Ce qu’elle veut pour les femmes — et par conséquent pour les hommes —, c’est un amour libre et digne, d’égale à égal, sans le moralisme factice qui cache souvent mal en réalité son immoralité. Dit dans les mots de son temps, avec délicatesse et tact, elle fait comprendre que la virginité des femmes ne doit pas être arrimée à l’heure des épousailles. Toute femme doit pouvoir être libre, quand elle s’y sent prête, de connaître le plaisir, l’« essai de la CHAIR par la CHAIR ». Ces termes, qui nous paraissent à nous si pudiques, sont jetés de sorte que même les plus « hardis novateurs » pourraient en être « effrayés ». Et qu’une femme les écrive paraît encore plus subversif. Elle n’hésite pas à évoquer la possibilité d’avoir plusieurs amants sans que cela semble inconvenant : donner « satisfaction à plusieurs hommes dans leur amour » apparaît comme une générosité en même temps qu’une liberté. On comprend que, pour Suzanne Voilquin, il y ait aussi un courage effronté à publier ce texte. Claire Démar a hésité, bien sûr, inquiète à l’idée du « flot populaire » où sa réputation pourrait être emportée. Mais, s’écrie-t-elle, « je parle ». Et tout est là : dans ces deux mots qui font le socle de cette pensée nouvelle, infiniment minoritaire et en soi révolutionnaire22.
Non, ce ne sont pas des « criailleries féminines », comme certains hommes ont coutume de les appeler, mais une exigence de droits et de libertés. Car « l’heure est sonnée » pour les réclamer : le droit de propriété, sans dépendances masculines, le droit d’élection, le droit d’adhésion libre et spontanée dans la famille, la cité et le royaume entier. Claire Démar revendique le droit de vote, l’éligibilité, en somme la pleine citoyenneté. Il est « nécessaire, indispensable, sacré de faire assister les femmes à la rédaction de toute loi ». Ainsi parle-t-elle, dans son Appel d’une femme au peuple pour l’affranchissement de la femme « au peuple », c’est-à-dire aux femmes comme aux hommes qui le composent, aux femmes que l’on oublie alors que pourtant elles en forment au moins la moitié, soignent l’enfance et consolent la vieillesse, engagent leur dévouement à toutes les étapes et dans tous les liens que tisse la société. C’est aussi une adresse qu’elle tourne vers les républicains : d’après elle, les seuls dignes de porter ce nom sont ceux qui ne tolèrent aucune oppression. Aux responsables politiques, elle lance leurs quatre vérités : c’est aux femmes, leur dit-elle, de « crever le papier brouillard derrière lequel apparaît votre fantasmagorie parlementaire », de « couper le fil doré de vos marionnettes diplomatiques ». La vigueur de sa plume, l’insolence de son style sont à l’époque et pour une femme d’une rareté absolue. Ce qu’elle veut, c’est une révolution. Mais pas seulement de celles qu’on fait en trois jours dans le ciel bleu des rues, comme aux Trois Glorieuses de juillet 1830 : celles qui se mènent chaque heure et chaque nuit, une révolution quotidienne qui viendra tout bouleverser, sans un trône pour chasser l’autre. L’œuvre révolutionnaire devra mêler « l’affranchissement de notre sexe » à « l’affranchissement du prolétaire23 ».
Sous le drapeau noir
Antoinette Pascal
À l’heure où Claire Démar s’éteint, d’autres comme elle combattent pour cet affranchissement qu’elle a appelé de ses vœux. Il y a eu les Trois Glorieuses de 1830 : les femmes y ont participé, certaines d’entre elles, comme Marie Deschamps, contribuant à dresser les barricades et même tenant le fusil, ne se contentant pas d’apporter leurs soins aux blessés. […] À ces journées font écho, l’année suivante, les « Trois Glorieuses prolétariennes24 » des 21, 22 et 23 novembre 1831, chez les canuts lyonnais. Hommes et femmes s’y battent pour la dignité du travail, la liberté et la république, aspiration réprimée sous la férule de Louis-Philippe. Cette insurrection marque les esprits par la prise de parole ouvrière, portée par la « classe qui ne possède pas face à la classe qui possède » ; elle se mène contre l’organisation capitaliste du travail, en tentant d’y échapper par la coopération, le mutuellisme et les associations populaires. Depuis juillet 1830, les grandes villes comme Lyon connaissent une effervescence de journaux et, pour la première fois, l’apparition d’une presse ouvrière. Les canuts se battent pour la reconnaissance de leur travail et sa dignité, revendiquent un tarif proposé aux entrepreneurs, qui le refusent au nom du marché et de la liberté du propriétaire. L’aspiration est à l’unité ouvrière et à la solidarité. Les courants socialistes y prennent leur part dans une perspective émancipatrice.
Il faut imaginer ces milliers de femmes et d’hommes, en octobre 1831, s’avançant dans les faubourgs, marchant en silence, sans armes ni bâtons. Leur détermination impressionne même les négociants qui sont leurs adversaires : leur organisation « frappe de stupeur les spectateurs ». Leur pétition adressée au préfet y insiste : « La classe ouvrière doit et veut chercher un terme à la misère. » Durant la grève qui s’étend, la garde nationale ouvre le feu. Alors : « Aux armes, on assassine nos frères ! » Comme le disaient trente ans plus tôt, à peine différemment, les esclaves en insurrection : « La liberté ou la mort ! » C’est que la dignité est à préserver d’abord : « Nous aimons mieux périr d’une balle que de faim. » Les barricades s’élèvent, où les femmes sont présentes. Sur l’une d’elles est fiché un drapeau noir, avec ces mots : « Vivre en travaillant ou mourir en combattant. » Ce sont des femmes, accompagnées d’enfants, qui se rendent maîtresses d’une caserne, celle du Bon-Pasteur. Certaines font de la charpie pour panser les blessés sur les lieux des combats25. Des ouvrières et ouvriers d’autres métiers rejoignent les canuts. C’est le cas d’Antoinette Pascal, une jeune bouquetière, que ses ennemis présentent en furie, en « véritable cannibale26 ».
[Bice Lazzari]
Après la répression sanglante de novembre 1831, cette classe ouvrière en voie de formation poursuit ses élaborations, avec son premier journal ouvrier, L’Écho de la fabrique. Il y est question de travail, de coopération, de république. Fait remarquable : les atrocités du colonialisme en Algérie y sont dénoncées. On y évoque aussi les droits des femmes. Le 23 juin 1833, un article en appelle à un bouleversement radical dans la situation des femmes, afin qu’elles ne soient plus réduites au statut servile d’ustensiles de cuisine ou de meubles de salon, et que les hommes cessent de se conduire « en seigneurs et maîtres27 ». L’influence des saint-simoniennes et fouriéristes présentes à Lyon, comme Clorinde Rogé et surtout Eugénie Niboyet, est prégnante. En octobre, cette dernière fonde un journal féministe, Le Conseiller des femmes. L’Écho de la fabrique en reproduit plusieurs articles et encourage vivement ses projets — « Pour nous, travailleurs, qui jugeons l’ouvrier à son œuvre, et qui avons suivi Mme Niboyet dès son début, nous sommes heureux de lui trouver tout le courage qu’exige sa position » —, comme l’ouverture d’écoles gratuites28.
En avril 1834, les canuts en appellent à la grève généralisée, pour lutter contre le gouvernement qui interdit les associations. Mais la répression est terrible et parcourue d’atrocités : les soldats n’hésitent pas à tirer sans sommation sur des femmes et des enfants. La poétesse Marceline Desbordes-Valmore décrit la tragédie dans des poèmes poignants :
Quand le sang inondait cette ville éperdue
Quand la bombe et le plomb, balayant chaque rue
Excitaient les sanglots des tocsins effrayés.
Mais Antoinette Pascal survit ; faute de preuves, elle n’est pas même déférée au tribunal de Riom où d’autres sont jugés. Lors des procès d’avril 1834, un militant républicain, Lagrange, écrit, entre rage, désespoir et détermination à lutter : « Nous avons vu, dans notre malheureuse ville, vingt mille femmes sans ou presque sans vêtements, travaillant de 5 heures du matin jusqu’à minuit, sans pouvoir gagner le pain de la journée […] et nous avons rêvé la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme29. » Et l’exploitation de la femme ?
Faire le 89 des femmes et des ouvriers
Flora Tristan
Dix ans plus tard, Flora Tristan confie en quittant Lyon son amour pour cette ville et sa population. Cette cité pour elle est « sacrée » par l’engagement des prolétaires. C’est là qu’elle veut poser la première pierre du futur Palais de l’Union ouvrière. Car tel est le projet pour lequel elle donne toutes ses forces. Elle n’en verra pas la réalisation : en mai 1844, il ne lui reste que cinq mois à vivre, tant elle est épuisée par un engagement incessant. D’ailleurs dans son journal30, elle constate que son « besoin d’agir » lui paraît « effrayant » : elle craint qu’il ne devienne « une maladie chronique ». Elle conçoit cette Union ouvrière comme une vaste association. L’idée est que les ouvriers et ouvrières cotisent pour mettre en place des assurances sociales en cas de maladie, de chômage ou d’accident du travail, et pour faire bâtir un « palais » afin d’accueillir des enfants de classes populaires et des personnes seules et malades. Elle-même est une déclassée : fille d’un général péruvien qui ne l’a pas reconnue, elle a dû se faire ouvrière dans un atelier de gravure. Comme Suzanne Voilquin et Claire Démar, l’un de ses principes d’existence est l’indépendance. Elle sait ce qu’est la mise en tutelle ordonnée par le Code civil : lorsqu’elle voyage au Pérou, elle doit se faire passer pour une célibataire ; dans le cas contraire, il lui faut l’autorisation de son mari31. Or elle entend bien s’en passer. Cet homme, violent et furieux d’une indépendance qu’elle ne fait pas que proclamer, manque de la tuer en 1838. Comme Maréquita d’Alvarez, l’héroïne de son roman Méphis, elle vit entre deux mondes, fréquente un peu la bourgeoisie en s’y ennuyant à mourir — « L’ennui règne en despote dans ces salons dorés32 » — et surtout le monde ouvrier : elle affirme apprendre davantage en deux jours auprès des prolétaires qu’en dix ans auprès de bourgeois. Ceux-là d’ailleurs, elle les déteste : « À part les fraudes dans leur commerce, ils ne sont propres à rien, absolument à rien. » Dans ses tournées de conférences pour présenter l’Union ouvrière à travers toute la France, elle aime leur faire des coups pendables, les critiquer avec véhémence en leur présence, « effrayer les bourgeois » qu’elle voit comme des « gredins » : c’est un « bonheur qu’elle se procure de temps en temps33 ». Elle a observé les pratiques des « gens de la banque et du négoce », qui sacrifient tout à leur propre intérêt, n’ayant que faire de « la masse des misères qui accablent les esclaves de la propriété34 ». Les ouvrières et ouvriers, qu’elle n’idéalise pas pour autant, elle les connaît parce qu’elle les fréquente. Elle se fait enquêtrice, dans les bastions du monde ouvrier en France et à Londres, pour « révéler les iniquités qui se dérobent dans l’ombre35 ».
Cet engagement de classe n’est pas pour plaire à certains républicains auxquels elle s’adresse. Le fouriériste Victor Considerant lui rappelle que tout de même les bourgeois « sont aussi des hommes » ; il lui conseille moins de révolte et plus de charité ; son projet pour lui est une utopie. Mais ce n’est pas ainsi qu’elle conçoit la vie. Elle réclame le droit au travail, dans l’honneur et la dignité. Elle sait que ce sont des valeurs cardinales : « L’ouvrier peut souffrir mais il ne peut mendier. » Elle n’a que faire de la philanthropie, des bonnes œuvres ou de la charité. Elle est souvent déçue par les porteurs de philosophie sociale qui n’agissent selon elle pas assez ; ses déceptions sont cruelles devant « ces amis du peuple qui ont toujours le mot fraternité au bout de leur plume36 ». Alors, elle bataille seule, demande des soutiens en parcourant la capitale en tous sens et à pied, puis en traversant le pays dans un véritable « tour de France ». Elle écrit un roman entremêlant les vies d’une femme plutôt aisée et d’un prolétaire magnifique, qui lui fait découvrir les idées socialistes : Maréquita apprend à conquérir l’indépendance, comme Flora Tristan le fait durant son existence. Mais les romans ne suffisent pas. C’est pourquoi, même si elle admire George Sand, elle lui en veut de s’en tenir à des fictions. Et puis, c’est comme si Aurore Dupin n’assumait pas d’écrire en femme, en choisissant ce pseudonyme d’homme. Flora Tristan, elle, mène sa bataille acharnée en femme qui n’entend rien cacher. Même les comptes, dépenses et recettes, liés à ses essais pour les droits des femmes et ceux des ouvriers, elle les publie ligne à ligne, parce qu’elle ne veut pas toucher un centime.
[Bice Lazzari]
Révoltée, elle s’adresse toutefois aux prolétaires en leur disant de préférer l’auto-organisation à l’émeute : les insurrections comme celles qu’a vécues Lyon conduisent à une répression féroce. Nous sommes en 1844, Marx et Engels n’ont pas encore rédigé le Manifeste du parti communiste qu’elle parle quant à elle de « CONSTITUER LA CLASSE OUVRIÈRE37 », par la conscience de sa force et la puissance de son association. L’affranchissement des femmes et celui des prolétaires, pour elle, c’est tout un. La société tout entière y gagnera en humanité mais aussi en richesse : « On a observé que le degré de civilisation auquel les diverses sociétés humaines sont parvenues a toujours été proportionné au degré d’indépendance dont y ont joui les femmes. » Les luttes sont liées : celles des ouvriers contre l’exploitation, des paysans contre leur oppression, des femmes contre leur servitude, des juifs contre les persécutions antisémites38. Au fond, Flora Tristan est non seulement féministe, mais intersectionnelle avant la lettre.
Texte extrait de Ludivine Bantigny, Nous ne sommes rien, soyons toutes !, Seuil, 2025.
Illustrations de vignette et de bannière : Bice Lazzari
- Julien Suaudeau et Mame-Fatou Niang, Universalisme, Paris, Anamosa, 2022. Dans le texte, le mot est « effacés » ; il désigne l’ensemble des populations réduites en esclavage et colonisées, pas uniquement les femmes.[↩]
- Jayne Boisvert, « Colonial Hell and Female Slave Resistance in Saint-Domingue », Journal of Haitian Studies, vol. 7, n° 1, 2001, p. 61–76.[↩]
- Jana Evans Braziel, « Remembering Defilee : Dedee Baziles as Revolutionary Lieu de Mémoire », Small Axe : A Caribbean Journal of Criticism, vol. 9, n° 2, 2005, p. 57–87 ; Sabine Lamour, « L’héritage politique de Marie Sainte Dédée Bazile, dite Défilée », Recherches féministes, vol. 34, n° 2, 2021, p. 107–122.[↩]
- Arlette Gautier, Les Sœurs de Solitude. Femmes et esclavage aux Antilles du XVIIe au XXe siècle, Rennes, PUR, 2010, p. 197–198.[↩]
- Lettres du général Leclerc, commandant en chef de l’armée de Saint-Domingue en 1802, Société de l’histoire des colonies françaises, 1937, p. 206 et p. 256.[↩]
- Bernard Moitt, Women and Slavery in the French Antilles 1635–1848, Bloomington, Indiana University Press, 2001, p. 128 ; Elsa Dorlin, La Matrice de la race, Paris, La Découverte, 2006 ; Jean Fouchard, Les Marrons de la liberté, Paris, Éditions de l’École, 1972, p. 391–392 ; Jayne Boisvert, « Colonial Hell and Female Slave Resistance in Saint-Domingue », art. cité, p. 69.[↩]
- Hourya Bentouhami, « Notes pour un féminisme marron », Comment s’en sortir ?, n° 5, hiver 2017, p. 115 sq.[↩]
- Philippe Girard, « Rebelles with a Cause : Women in the Haitian War of Independence, 1802–1804 », Gender and History, vol. 21, n° 1, avril 2009, p. 71–72.[↩]
- C. L. R. James,Black Jacobins. Toussaint Louverture and the San Domingo Revolution, New York, Vintage Books, 1989, p. 252 sq ; Phillip Thomas Tucker, Martyred Lieutenant Sanité Belair, Tucker, 2019.[↩]
- Caroline Oudin-Bastide et Philippe Steiner, Calcul et morale. Coûts de l’esclavage et valeur de l’émancipation, Paris, Albin Michel, 2015, p. 90 sq ; Gilles Jacoud, « L’esclavage colonial : une comparaison des approches de Say, Sismondi et des saint-simoniens », Œconomia, 6–3, 2016, p. 363–402.[↩]
- Philippe Régnier, « Le discours colonial des saint-simoniens », in Pierre-Jean Luizard (dir.), Le Choc colonial et l’islam, Paris, La Découverte, 2006, p. 57–70.[↩]
- Christine Planté, « Les féministes saint-simoniennes », in Jean-René Derré (dir.), Regards sur le saint-simonisme et les saint-simoniens, Lyon, PUL, 1986 ; Alice Primi, Être fille de son siècle. L’engagement politique des femmes dans l’espace public en France et en Allemagne de 1848 à 1870, thèse, université Paris 8, p. 53 sq ; Azélie Fayolle, « Dire le désordre. L’utopie des saint-simoniennes », in Judith Cohen, Samy Lagrange et Aurore Turbiau (dir.), Esthétiques du désordre, Paris, Le Cavalier bleu, 2022, p. 285–298.[↩]
- Suzanne V., Mémoires d’une fille du peuple, Chez Sauzet, 1866, p. 66.[↩]
- Ibid., p. 47, p. 77–78 et p. 95–96.[↩]
- Ibid., p. 281–327.[↩]
- Ibid., p. 250–252, p. 258, p. 261, p. 327 et p. 452–453. Voir Natascha Ueckmann, « Suzanne Voilquin : souvenirs d’une saint-simonienne en Égypte vers 1830 », Genre et orientalisme, Grenoble, UGA Éditions, 2020, p. 177–209. »[↩]
- Jehan D’Ivray, L’Aventure saint-simonienne et les femmes, Paris, Alcan, 1930 ; Christine Bard, Histoire politique du pantalon, Paris, Seuil, 2010, p. 95–97.[↩]
- Louis Jourdan, « Souvenirs d’une fille du peuple », Le Siècle, 6 août 1866.[↩]
- Suzanne V., Mémoires d’une fille du peuple, op. cit., p. 96–97.[↩]
- Préface de Suzanne Voilquin à Ma loi d’avenir par Claire Démar, Au bureau de la tribune des femmes, 1834, p. 5–8, p. 14–15, p. 17 et p. 20.[↩]
- Claire Démar, Appel d’une femme au peuple pour l’affranchissement de la femme, Au bureau de la tribune des femmes, 1834, p. 66.[↩]
- Id., Ma loi d’avenir, op. cit., p. 24–25, p. 30 et p. 36–37.[↩]
- Id., Appel d’une femme au peuple pour l’affranchissement de la femme, op. cit., p. 65–67 et p. 74.[↩]
- Fernand Rude, Les Révoltes des canuts (1831–1834), rééd., Paris, La Découverte, 2020.[↩]
- Ibid., p. 111.[↩]
- Jean-Baptiste Monfalcon, Histoire des insurrections de Lyon, Louis Perrin, 1834, p. 82.[↩]
- M. Jullien, « De la condition sociale des femmes au XIXe siècle », L’Écho de la fabrique, 23 juin 1833.[↩]
- « Le conseiller des femmes », L’Écho de la fabrique, 27 octobre 1833 et 5 janvier 1834.[↩]
- Fernand Rude, Les Révoltes des canuts, op. cit., p. 498.[↩]
- Flora Tristan, Le Tour de France. Journal 1843–1844, Paris, Maspero, 1980, tome II, p. 36.[↩]
- Yannick Ripa, Femmes d’exception. Les raisons de l’oubli, Paris, Le Cavalier bleu, 2018, p. 85–94.[↩]
- Flora Tristan, Méphis, Ladvocat, 1838, p. 6.[↩]
- Id., Le Tour de France, op. cit.[↩]
- Id., Méphis, op. cit., p. 99.[↩]
- Id., Pérégrinations d’une paria (1833–1834), Bertrand, 1838, p. XXVII. Voir Michelle Perrot, « Flora Tristan, enquêtrice », in Les Femmes ou les Silences de l’histoire, Paris, Flammarion, 1998, p. 427–442.[↩]
- Flora Tristan, Union ouvrière, Chez tous les libraires, 1844, p. XIII, p. XI, p. 34.[↩]
- Ibid., p. 5.[↩]
- Id., Pérégrinations d’une paria, op. cit., p. XXIV-XXV.[↩]
REBONDS
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