Gabriel, gilet jaune mutilé : « Je n’avais jamais foutu les pieds dans une manifestation »


Samedi 24 novembre 2018, acte II.

Les invi­sibles arborent désor­mais un gilet jaune ; ils sont venus du pays tout entier pour exi­ger une vie meilleure. On appelle à la démis­sion du « pré­sident des riches », on élève des bar­ri­cades. « C’est le peuple en colère », nous dit-on aus­si­tôt. Et c’est déjà l’émeute sur les Champs-Élysées — peut-être l’insurrection. L’un des membres de notre rédac­tion se dirige en direc­tion de l’avenue Franklin-D.-Roosevelt. Des tirs, des gaz, des cris. Il entend : « Un bles­sé ! Appelez les pom­piers ! » Il s’approche. « Il y a du sang par­tout. Un gamin en état de choc », écri­ra-t-il quelques jours plus tard dans nos colonnes.

Il a 21 ans, il s’appelle Gabriel, il vient de la Sarthe, il est mon­té sur la capi­tale pour expri­mer son « ras-le-bol de voir les gens dans la misère« , il s’apprêtait à pas­ser son BTS en chau­dron­ne­rie. C’est la pre­mière fois qu’il par­ti­cipe à une mani­fes­ta­tion et les forces armées du régime fraî­che­ment élu « pour faire bar­rage à l’extrême droite » viennent de lui arra­cher une par­tie de la main — 26 grammes de TNT, caté­go­rie « arme de guerre ». La guerre contre « ceux qui ne sont rien« . Sa mère se tient à ses côtés. « Mon regard croise celui de son fils. Il lève sa main en l’air afin d’éviter une hémor­ra­gie. »

Nous sommes res­tés en contact avec la famille Pontonnier. Cette semaine de publi­ca­tions lui sera consa­crée : deux ans ont pas­sé — deux ans d’une lutte quo­ti­dienne : sani­taire, juri­dique, finan­cière, psy­cho­lo­gique. Laissons la parole à l’écrivaine Sophie Divry, qui ouvre cette série de textes : « J’ai ren­con­tré, envi­ron un an après leur acci­dent, les cinq gilets jaunes qui avaient eu la main arra­chée par une gre­nade. À par­tir de ces cinq entre­tiens, et avec leur accord, j’ai mon­té un texte cho­ral publié en octobre 2020 au Seuil sous le titre Cinq mains cou­pées. Exceptionnellement, pour Ballast, avec l’autorisation de Gabriel et de sa famille, je livre ici l’entièreté de l’interview réa­li­sée en jan­vier 2020, au Mans, lorsque je l’ai vu avec sa mère. L’entretien a duré trois heures. Ce sont des mots dif­fi­ciles, un par­cours bri­sé, qu’il importe que cha­cun consi­dère à leur juste place. Nous savons que l’État pro­tège les riches et écrase les ouvriers. Les mots de Gabriel per­mettent de réa­li­ser ce que cela veut dire vrai­ment. »


Je m’appelle Gabriel, j’ai 22 ans. J’ai été muti­lé le 24 novembre 2018 bou­le­vard Roosevelt dans le XVIe arron­dis­se­ment, à Paris.

Je suis né au Mans. Mon père est agent d’entretien dans une mai­son de retraite. Ma mère est ingé­nieure péda­go­gique de for­ma­tion, son contrat peut s’arrêter du jour au len­de­main. Je vis avec mes parents dans un vil­lage dans la Sarthe, à 30 kilo­mètres du Mans. On est une famille de quatre enfants et je suis le plus jeune.

J’ai jamais été très très fort à l’école, mais ça allait. En troi­sième, j’ai fait des stages tout au long de l’année, j’ai essayé plein de trucs pour savoir ce que j’aimais et en tom­bant sur la chau­dron­ne­rie, j’ai vu que c’était vrai­ment ça qui me plai­sait. J’aime tra­vailler tous les métaux, l’aluminium, le cuivre, la fer­raille. J’aime créer quelque chose avec rien. Faire des choses belles et utiles.

« J’aime tra­vailler tous les métaux, l’aluminium, le cuivre, la fer­raille. J’aime créer quelque chose avec rien. »

À 16 ans, je suis entré chez les Compagnons du devoir pour faire mon bac pro chau­dron­nier-sou­deur. N’importe qui ne rentre pas chez les Compagnons, j’ai fait des tests. Il faut qu’ils voient le poten­tiel du jeune. Comme ma mère le dit, les jeunes qui intègrent les Compagnons, ils apprennent vite l’autonomie. On se côtoie tous dans le même héber­ge­ment. Les gens viennent de la France entière. Chez les Compagnons, les anciens sont vrai­ment der­rière nous. On est vrai­ment sui­vi, c’est six jours sur sept. Après ma jour­née de tra­vail en entre­prise, je conti­nuais au sein des Compagnons et ce jusqu’à 22 heures tous les jours. C’était dur, mais j’en suis sor­ti content. J’ai gar­dé de très bons amis. Ça m’a appris à vivre en com­mu­nau­té, et ça m’a appris l’amour du tra­vail bien fait. J’ai fait plu­sieurs concours de meilleur appren­ti de France. J’ai obte­nu la médaille de bronze en tant que chau­dron­nier. J’ai fait le concours COBATY, où j’ai fini troi­sième, j’étais content.

En novembre 2018, j’étais appren­ti. J’étais ren­tré chez mes parents tem­po­rai­re­ment pour faire mon BTS, tou­jours en chau­dron­ne­rie, dans le but de mon­ter mon entre­prise, dans le but d’être un peu chef. J’allais pas­ser le diplôme en fin d’année sco­laire. Je devais réin­té­grer les Compagnons du devoir avec mon BTS, et faire mon tour de France ensuite. J’allais reprendre un loge­ment auto­nome. Comme appren­ti, j’étais payé 1 200 euros par mois, je fai­sais beau­coup d’heures sup’.

Je fai­sais de la gui­tare. Je grat­tais de la basse, j’étais en train d’apprendre à jouer de la bat­te­rie. Je fai­sais de la moto-cross aus­si, plus rare­ment. Généralement, je fai­sais tout ce qui tourne autour des sports méca­niques, mais aus­si de l’escalade, de la via fer­ra­ta, des sports nautiques…

[Jean-Michel Basquiat]

On ne parle pas poli­tique en famille. Mais on va voter, ça oui. Ce jour-là, on est allés mani­fes­ter pour les ser­vices publics. On est très atta­chés au ser­vice public. À la cam­pagne, plus ça va, plus on nous enlève des trucs. Les écoles, les hôpi­taux, les gares, même les méde­cins… C’était un ras-le-bol tout sim­ple­ment. Nos anciens ils ne peuvent plus se dépla­cer. Je le vois main­te­nant comme je ne peux plus conduire, je suis dépen­dant de mes parents. C’était sur­tout pour les ser­vices publics. Et aus­si un ras-le-bol de voir les gens dans la misère, ça, c’est insupportable.

On est allés à Paris parce que les came­ras sont tour­nées sur Paris. À la cam­pagne, on peut mou­rir tran­quille­ment, y a rien qui va se pas­ser. Je n’avais jamais fou­tu les pieds dans une mani­fes­ta­tion. C’était la pre­mière fois.

« On est allés mani­fes­ter pour les ser­vices publics. Et aus­si un ras-le-bol de voir les gens dans la misère. Je n’avais jamais fou­tu les pieds dans une manifestation. »

On est par­tis vers 7 heures du matin, parce qu’il faut deux heures de route pour mon­ter à Paris. C’était une voi­ture cinq places, donc tout le monde ne pou­vait pas venir. On y est allés avec mon grand frère, ma sœur et son com­pa­gnon. Là-bas, mon cou­sin et ma cou­sine nous ont rejoints, ils étaient mon­tés depuis Toulouse.

Dans la voi­ture, on a chan­té comme dans une boîte de nuit. Vers 10 heures, on a lais­sé la voi­ture Porte d’Italie, c’était pas la peine de ren­trer plus dans Paris. Parce qu’on est aus­si un peu éco­los sur les bords. Dès la place d’Italie, des flics nous ont sau­té des­sus. Ils nous ont fouillés entièrement.

On n’avait pas d’équipement. J’avais un bon­net et une veste de ski, parce qu’il fai­sait super froid ce jour-là. On n’avait rien d’autre à part nos gilets jaunes. Nous par­ta­gions des gants afin de se réchauf­fer les mains à tour de rôle, moi je n’avais pas de gants.

Le temps de payer, de se garer, on avait faim. Il était 10 heures, on a trou­vé un bar pour prendre un petit-déjeu­ner. On a pris notre temps. Puis on n’a pas arrê­té de mar­cher, je n’avais jamais autant mar­ché dans Paris que ce jour-là.

Mais on était vrai­ment des dilet­tantes. Des tou­ristes. C’était un peu, ma mère elle dit, c’était un peu les Tuche qui arrivent à Paris.

[Jean-Michel Basquiat]

Notre idée, c’était de défi­ler de Bastille à République. On avait déci­dé ça entre nous, sans rien savoir. C’était très sym­bo­lique pour nous : par­tir de la monar­chie et arri­ver vers la République. Mais à Bastille, il n’y avait pas grand monde. Des gilets jaunes nous ont deman­dé si on allait aux Champs-Élysées, mais on a répon­du non, on n’était pas très motivés.

La mani­fes­ta­tion avait déjà com­men­cé ailleurs, mais nous, on la croi­sait sans cesse sans vrai­ment la suivre, on se per­dait…. On res­tait tous ensemble, tous les sept, en famille. On n’a pas par­lé vrai­ment avec d’autres gilets jaunes. Je n’ai pas crié de slo­gans ni rien, on a plus man­gé et bu de l’eau qu’on a mani­fes­té, sin­cè­re­ment. On buvait un café, on ache­tait de l’eau. Des pho­tos devant le BHV, des pho­tos devant le Louvre. Ce n’était pas que la manif, ce jour-là, c’était plus une sor­tie familiale.

On a fait comme une spi­rale d’escargot autour de la manif. Il y avait vache­ment de gaz. On ne pou­vait pas prendre cer­taines rues qui étaient blo­quées par les flics. On se retrou­vait à être dans les gaz, même si on essayait tou­jours de fuir ces endroits-là.

« C’est à ce moment-là que la gre­nade m’a atter­ri des­sus. Je ne l’ai pas vue arri­ver. Elle a explo­sé sur moi, au niveau de la poi­trine, du côté droit. »

Je ne sais pas trop com­ment on est arri­vés bou­le­vard Roosevelt, dans le XVIe. On était tous fati­gués, c’était 18 heures, il com­men­çait à faire nuit, on avait déci­dé de retour­ner à la voi­ture. Mon frère vou­lait juste faire une vidéo pour la mon­trer à ses col­lègues, main­te­nant c’est celle qui est sur internet.

C’était vrai­ment un endroit où il ne se pas­sait rien du tout. Il y avait des papis, des mamies, il y avait même des enfants. Les flics, on les voyaient au loin, mais c’était pas du tout la mani­fes­ta­tion. D’après le rap­port de l’IGPN, c’était de l’autre côté que ça se pas­sait, ils ont recon­nu qu’ils se sont plan­tés de côté. Et qu’il n’y a pas eu de som­ma­tions. Aucune pro­cé­dure n’a été respectée.

C’est à ce moment-là que la gre­nade m’a atter­ri des­sus. Je ne l’ai pas vue arri­ver. Elle a explo­sé sur moi, au niveau de la poi­trine, du côté droit.

Je me rap­pelle juste de l’explosion qui m’a son­née. Ça fait comme dans les films de guerre, quand il y a du blanc et un sif­fle­ment aigu dans les oreilles.

Juste après, je me rap­pelle sen­tir que j’avais des four­mis dans les mains. Comme il fai­sait un petit peu nuit, j’ai regar­dé ma main, mais vrai­ment vague­ment : j’ai vu que c’était le chaos clai­re­ment. Et du coup je me suis dit « C’est mort, faut pas trop que je regarde parce que sinon je vais tom­ber dans les pommes ». Et si je tombe dans les pommes là, je vais cre­ver. Ça va vite dans ma tête. Mon frère a vu ça aus­si, il m’a main­te­nu la main et puis on a cou­ru, tout sim­ple­ment. On a cou­ru pour essayer de trou­ver les secours. Il m’a dit après qu’il sen­tait mes doigts qui lui cou­laient entre les doigts, dans le mau­vais sens.

C’est ma mère qui m’a assis contre une vitrine, en plein milieu d’une rue. Elle a essayé de me pro­té­ger des gaz et de tout ce qui pou­vait encore tom­ber sur moi.

[Jean-Michel Basquiat]

Pendant ça, ma mère fai­sait les soins. J’avais des impacts sur les yeux, sur le visage. J’avais des trous dans mon jog­ging, sur la jambe. J’avais mon gilet jaune où on pou­vait voir la défla­gra­tion de la bombe. Et encore, en sachant que j’étais habillé en vête­ment d’hiver, alors j’imagine pas ce que ça aurait don­né en tee-shirt. C’est une arme, ce truc. C’est une arme de guerre. Pourquoi ils jettent ça sur les gens ? J’ai de la chance que ça ne me soit pas tom­bé sur la gorge, sinon j’étais mort, j’étais mort. Comme c’est arri­vé à un mec, à Rémi Fraisse, dans la capuche.

Il n’y avait pas encore de street medics à cette époque. C’était l’acte II seule­ment. Mais là, on voit arri­ver un type qui avait pris, au cas où, des com­presses et de l’eau. Ma mère vou­lait me faire un gar­rot, et, c’était impro­bable, ce type est arri­vé et il a dit à ma mère, je suis pom­pier, je vais gérer. Il a ouvert son sac avec les com­presses et c’était vrai­ment un cadeau à ce moment-là.

Et puis les gens m’ont pro­té­gé des gaz lacry­mo qui nous étaient envoyés en grande quan­ti­té. Leurs corps ont ser­vi de boucliers.

« Mon cou­sin m’aidait à mar­cher quand un CRS lui a mis un coup de matraque. Pourquoi, je ne sais pas, on n’est plus dans quelque chose qui se réfléchit. »

Ma sœur est tom­bée dans les pommes. Ma mère était cho­quée, et elle devait tout gérer. Et il y avait des gens qui venaient et qui fil­maient avec leur télé­phone aus­si, dans ces cas-là, il y a des gens qui sont juste dans le « Je-veux-voir ».

Je ne pour­rais pas dire com­bien de temps je suis res­té à attendre les secours. Je n’avais plus de notion du temps. Le cer­veau est bien fait. Quand je me suis dit « Je ne regarde pas ma main », la dou­leur, ça allait, dans le sens où, tout sim­ple­ment, je ne vou­lais pas mou­rir. C’est à l’hôpital que j’ai com­men­cé à avoir mal, avant j’étais sans doute sous l’effet d’endorphines.

C’est à ce moment-là que mon beau-frère reve­nait avec les CRS. Ils étaient en mode tor­tue, comme les Romains à l’époque, comme dans Astérix. Mais pour dire, c’était super violent : mon cou­sin m’aidait à mar­cher quand un CRS lui a mis un coup de matraque. Pourquoi, je ne sais pas, on n’est plus dans quelque chose qui se réfléchit.

Moi je n’étais pas apte à par­ler à quelqu’un. C’était vrai­ment le choc. Comme ceux qui ont un acci­dent de la route. Mais je ne me ren­dais pas compte de la gra­vi­té. Et même quand je suis arri­vé dans les camions de pom­piers, j’imaginais pas que j’avais des doigts en moins. Moi je pen­sais que, c’est bon, une semaine après je serais sor­ti de l’hôpital. Les pom­piers m’ont dit : « Excusez-nous, est-ce que vous aviez des che­va­lières et tout ? » J’ai dit : « Ben non, pour­quoi ? » Ils m’ont dit : « Parce qu’on a rien retrou­vé sur votre main ». Et c’est là seule­ment que j’ai com­men­cé à me rendre compte qu’il me man­quait des doigts. Je pen­sais que j’avais juste été souf­flé, mais que c’était récu­pé­rable. Mais non, pas du tout du tout du tout.

[Jean-Michel Basquiat]

Les CRS m’ont rame­né der­rière, à la Concorde, à un endroit où étaient sta­tion­nés plu­sieurs camions de pom­piers. Mon grand frère était avec moi, il avait comme mis­sion de par­tir à l’hôpital avec moi. Mais on m’a fait chan­ger trois ou quatre fois de camion. Les pom­piers atten­daient une réponse de l’hôpital. Ils étaient dépas­sés les mecs. Mon frère atten­dait chaque fois assis par terre dans la rue. D’un coup, le camion est par­ti, en refu­sant de l’emmener avec moi, et moi je lui ai remis mes affaires. Il est res­té seul à la Concorde. Du coup, il est allé voir d’autres pom­piers pour récu­pé­rer un sac pou­belle pour mettre mes affaires. Il ne savait pas s’il avait du sang sur lui. Mais il était cou­vert de sang, du mien et du sien. Il était bles­sé. Ce qu’il faut savoir, c’est que la même gre­nade a bles­sé mon cou­sin et mon frère, aux pieds, aux cuisses, aux dos. Ma mère et ma sœur aux tym­pans. Mon cou­sin s’est fait un gar­rot sur la jambe, tout seul.

Mon grand frère avait les pieds en sang. Ils ont refu­sé de le prendre en charge. Mon frère a dû louer une trot­ti­nette pour me rejoindre à l’hôpital. Alors qu’il était bles­sé et qu’il sai­gnait des pieds et de la jambe. Il a mis le sac avec mes affaires entre ses che­villes, et il a tra­ver­sé Paris en trot­ti­nette par les grands axes. Au final, il est arri­vé avant tout le monde à Pompidou.

« Je me suis beau­coup empê­ché de pleu­rer. Pour ma famille, pour les protéger. »

À l’hôpital, je com­men­çais vrai­ment à avoir mal. On m’a mis sur un bran­card. Là il fal­lait attendre, attendre, attendre. Ils n’avaient pas de bloc. C’est une usine à gaz, Pompidou. Et ils n’ont pas vu la gra­vi­té de la bles­sure tout de suite parce qu’ils n’ouvraient pas le ban­dage. Le pan­se­ment pis­sait le sang.

À un moment, j’ai dit à ma mère d’aller voir mon frère, parce que moi j’étais pris en charge. Ma mère, elle l’a vécu comme un choix entre ses deux enfants.

Une fois que le bloc s’est enfin libé­ré, j’ai été opé­ré une pre­mière fois onze heures de suite, et le len­de­main pen­dant neuf heures. Entre-temps on m’a mis dans le coma artificiel.

Pendant quatre ou cinq jours, ils ne savaient pas où me mettre. J’étais dans un bran­card, je n’avais pas pu avoir de chambre. Ce n’est pas leur faute non plus, ils sont sur­char­gés. Je ne leur en veux pas. Je me suis beau­coup empê­ché de pleu­rer. Pour ma famille, pour les pro­té­ger. À Pompidou, je m’en rap­pelle, à un moment, tout le monde est sor­ti de la chambre. Et là, ma mère m’a dit : « Si tu veux pleu­rer, pleure. » Et c’est sor­ti direct.

À Pompidou, mon cou­sin et mon frère n’ont même pas été pris en charge. Ils leur res­taient des éclats par­tout. Mais les méde­cins ne connais­saient pas ces gre­nades, ils leur ont dit que ce n’était rien, qu’ils pou­vaient ren­trer chez eux. C’est seule­ment au Mans qu’ils ont été enfin pris en charge, plu­sieurs semaines plus tard. Leurs bles­sures s’étaient infectées.

[Jean-Michel Basquiat]

Il m’ont fait un lam­beau de Mac Gregor1. J’avais la main dans le ventre, ils avaient fait comme la poche d’un kan­gou­rou sur la hanche. Avec la main dans la hanche, on ne peut pas aller aux toi­lettes, on ne peut pas se laver soi-même. Tu peux pas mar­cher…. C’est ça le plus dif­fi­cile, d’un seul coup, on se retrouve à tout perdre. C’est un truc de fou.

Je suis res­té trois semaines à Pompidou, mais j’ai l’impression que ça a duré six mois… Ils sont trop peu, ils vont trop vite. La bouffe était vrai­ment pas bonne, c’était ser­vi dans des bar­quettes, sou­vent froid, ou à 23 heures, à minuit. On ne me lavait pas ou à peine. J’étais tel­le­ment sale qu’ils se sont retrou­vés à me laver les che­veux au bloc, tel­le­ment qu’ils ont eu pitié de moi. Je leur ai fait pitié. Les seuls moments où j’arrivais à dor­mir, c’était quand ma mère était là. Parce que je savais que per­sonne n’allait entrer dans ma chambre et me faire sur­sau­ter. Elle mon­tait la garde pour me protéger.

« J’avais la main dans le ventre, ils avaient fait comme la poche d’un kan­gou­rou sur la hanche. »

Elle venait toutes les nuits. Elle n’a pas pu poser un arrêt de tra­vail parce qu’elle com­men­çait juste un contrat. Alors elle tra­vaillait la jour­née au Mans, elle venait la nuit à Pompidou. Elle a fait les allers-retours en train pen­dant trois semaines, elle tenait avec des médocs. Il y avait tou­jours quelqu’un avec moi. Ma mère elle disait que si on me lais­sait seul, j’étais mal­trai­té. Il a fal­lu qu’elle se batte pour que j’aie un mate­las à escarres, car j’avais des escarres. Il a fal­lu qu’elle se batte pour qu’ils me remettent les gaz anes­thé­siants pen­dant les chan­ge­ments des pan­se­ments, parce qu’une infir­mière avait déci­dé que je n’en avais pas besoin. Il fal­lait se battre pour tout. Il a fal­lu qu’à 21 ans, je mette un mou­choir sur ma pudeur. C’est ma mère qui me lavait. Elle devait tout faire, je ne pou­vais même pas me lever. C’était l’enfer à Pompidou. La seule per­sonne sym­pa, c’était un Afghan qui avait vécu la guerre, il savait ce que c’était. Sinon, per­sonne n’avait le temps. C’est comme dans n’importe quel métier où on te presse, on te presse. Les nanas courent sans arrêt, il y a des mil­liers de chambres. Ce qu’on a vécu, c’est révé­la­teur de ce pour quoi jus­te­ment on s’était mobi­li­sés : la carence du ser­vice public.

Au Mans, par rap­port à Paris, c’est le jour et la nuit.

Déjà la nour­ri­ture c’était mieux. Au Mans, on est ser­vi dans des assiettes. Tout est plus simple pour que ma famille vienne me voir. Le per­son­nel est super, que ce soit le chi­rur­gien jusqu’à la femme de ménage, ils sont nickels. Le doc­teur Bour m’a pris en charge. C’est un grand chi­rur­gien et un grand homme.

Quand j’ai pu me lever enfin moi-même pour aller me laver, je ne me suis jamais sen­ti aus­si heu­reux. C’est très bizarre. Au bout d’un mois, quand on m’a enfin sor­ti la main de la hanche, j’ai pu com­men­cer à me sen­tir mieux. Même si c’est pas vrai­ment le cas aujourd’hui.

[Jean-Michel Basquiat]

Il y a tou­jours au début cet espoir de retrou­ver sa main. Surtout que ça a été très long pour que le méde­cin vienne dans la chambre me dire ce que j’avais vrai­ment. Un jour ils disaient que je n’avais plus que deux doigts, à un moment don­né il y en avait quatre… On a eu plu­sieurs ver­sions, on ne savait plus trop ce qu’il me res­tait ou pas.

J’ai eu 19 opé­ra­tions en tout à ce jour. Sur la hanche, sur les jambes, sur le visage, et sur la main bien sûr. Sur tout mon côté droit, il me manque une par­tie par­tout. J’ai des cica­trices sous tout le côté. Je garde des impacts de la gre­nade dans l’os fron­tal. On voit un petit point noir, typique de la GLI-F42.

Au final, de ma main droite, j’ai gar­dé le poi­gnet. L’index et le majeur ont été souf­flés, il ne res­tait que les os. J’ai encore une par­tie du pouce jusqu’à la der­nière pha­lange. Il me reste encore les deux der­niers doigts, l’annulaire et l’auriculaire, mais ils ont comme de l’arthrose, ils sont petits et recour­bés. Ma main est rem­plie de la tolite [explo­sif pré­sent dans la GLI-F4, ndlr] de la gre­nade. C’est la TNT, ça fait comme un agré­gat de sable et d’argile dans les doigts, ça gonfle les ten­dons et les nerfs. On ne peut pas l’enlever, fau­drait enle­ver les muscles avec. Le souffle a fait entrer la matière de la gre­nade dans ma main et on ne peut plus l’enlever. Je suis tatoué, comme disent les médecins.

« Je sens comme si on me ser­rait fort, fort, fort tout le temps les doigts qui me manquent. Ça me grat­tait un doigt que je n’avais plus. »

Mais il me reste encore une dizaine d’opérations, pour dégros­sir, etc. L’os de la méta­carpe n’est pas ali­gné avec l’os de la pre­mière pha­lange, va fal­loir tout remettre droit. Et du coup je ne peux pas faire du sport parce que j’ai encore des broches, j’ai encore un gros pan­se­ment. Je ne peux pas faire de la réédu­ca­tion. Après oui, j’aimerais faire du sport, mais lequel ? c’est com­pli­qué. Je ne peux plus jouer de musique. Si seule­ment je pou­vais faire du sport ou de la musique, on dort mieux. Ça fait pen­ser à autre chose.

J’ai des syn­dromes post-trau­ma­tiques que j’ai dû mal à avouer ici.

J’ai eu des dou­leurs fan­tômes au début, et j’en ai encore. Je sens comme si on me ser­rait fort, fort, fort tout le temps les doigts qui me manquent. Quelquefois, j’en sens encore. Ça me grat­tait un doigt que je n’avais plus. Il faut ne plus y pen­ser pour pas que ça gratte, mais c’est com­pli­qué parce que plus t’essayes de pas y pen­ser et plus t’y penses.

Depuis l’accident, je suis res­té huit mois sur l’année à l’hôpital. Je passe ma vie à l’hôpital. J’en ai encore une dizaine d’opérations devant moi. C’est énorme. On ne sait pas quand ça s’arrête… Je pen­sais jamais qu’il allait y avoir autant d’opérations. C’est vrai­ment une période bizarre. Je ne le sou­haite à per­sonne. C’est l’hôpital : on ne fait pas ce qu’on veut, on reste là, on attend que ça gué­risse. Mais ça ne gué­ri­ra jamais. Je suis muti­lé, abî­mé, défor­mé, dis­lo­qué… Je ne peux pas me pro­je­ter. Je suis tou­jours dans la phase des opé­ra­tions chi­rur­gi­cales, plus de 15 mois après. Et c’est pas fini.

L’autre jour, je me suis ren­du compte qu’on était le 24 novembre et que ça fai­sait un an. Putain, ça fait un an, alors que j’ai l’impression que le temps n’est pas pas­sé. C’est sur pause, ça repart, c’est sur pause, ça repart. C’est bizarre.

[Jean-Michel Basquiat]

La mutuelle Prevadies et la Macif ont d’abord refu­sé de prendre en charge les soins. Et quand ils ont fini par le faire, ma mère a deman­dé aus­si pour elle et ma sœur, parce qu’elles ont eu les tym­pans pétés, et là ils ont répon­du : « Ah, ça va, on prend déjà en charge Gabriel, alors ça com­mence à bien faire ! »

Il reste tou­jours quelque chose à payer. Il reste plein de frais. J’aurais pas eu ma mère, c’était mort. Il y a tel­le­ment de papiers à faire. Il y a tel­le­ment de papiers ! C’est super com­pli­qué fran­che­ment. Ils font exprès. Alors que c’est quand même un gros acci­dent qui m’est arri­vé, l’humain, ça serait bien qu’il revienne dans tout ça.

J’ai arrê­té le BTS, je n’ai pas pu reprendre mes études depuis. Je ne peux pas écrire. Je galère parce que j’étais droitier.

J’aimerais bien reprendre. Parce que, clai­re­ment, je m’ennuie. Je me fais chier. Il ne se passe rien. Je n’ai rien à racon­ter. C’est la merde, clairement.

« Mon bou­lot, c’est pareil, je ne peux plus le faire. Les machines que j’utilise en chau­dron­ne­rie, il faut pou­voir les tenir. »

La gui­tare c’est mort, la moto c’est mort. C’est comme si ma vie elle était en pause et que j’attendais que ça revienne. Mais je ne sais pas quand ça va reve­nir. Mon bou­lot, c’est pareil, je ne peux plus le faire. Les machines que j’utilise en chau­dron­ne­rie, il faut pou­voir les tenir. Monter mon entre­prise c’est deve­nu dif­fi­cile, parce que même pour une petite boîte, il aurait for­cé­ment fal­lu au début que je me mette les mains à la pâte, enfin, la main à la pâte. Et si je me mets un coup de meu­leuse… Ah non, je me vois mal avoir un autre acci­dent. Franchement, l’hôpital, tout ça, j’en ai eu assez, j’en ai eu assez pour toute la vie. C’est triste parce que c’était vrai­ment un bou­lot que j’aimais, j’avais décou­vert ma pas­sion, mais si je peux être dans les bureaux, ça res­te­ra un petit peu mon bou­lot et ce sera moins dangereux.

De toute façon, je ne sais pas ce que je vais faire après. Je ne me suis pas posé de ques­tions. Je ne veux pas me faire de faux espoirs. J’ai eu ma dose. Je pré­fère attendre et voir au moment même.

Quand les gens me demandent des nou­velles, ça ne tourne qu’autour de ça. Le pre­mier truc que les gens me demandent, c’est ça. C’est comme si ma vie elle ne tour­nait qu’autour de ça main­te­nant. Donc c’est chiant.

Les amis ont tou­jours été là. Mais c’est moi qui n’ai plus tel­le­ment envie de voir les gens. J’ai ten­dance à me ren­fer­mer, à ne plus sor­tir. Ça ne m’intéresse plus. Je vois que j’ai chan­gé. Je me ren­ferme. Même phy­si­que­ment, j’ai tout le temps la main dans la poche comme Djamel Debbouze. Je ne me vois pas mar­cher tran­quille­ment comme ça dans la rue. Pour l’instant, je pré­fère pas trop sor­tir. Juste le ser­rage de main, c’est com­pli­qué. Je suis dans un « sui­cide social » ; tout est à recom­men­cer, mais par où ?

[Jean-Michel Basquiat]

J’étais auto­nome avant. À 21 ans, je me débrouillais pour payer mon loyer. Maintenant je suis obli­gé de res­ter chez mes parents. Ça pèse sur le moral. C’est énorme. J’en peux plus. J’étais payé 1 200 euros par mois comme appren­ti, avant. Maintenant je me retrouve avec 120 euros par mois. En deux fac­tures, c’est fini.

J’ai plus aucun reve­nu. J’ai des trous dans mes chaus­sures. Même des chaus­settes je ne peux même pas m’en payer. J’ai pas un euro sur mon compte. J’économisais 150 euros par mois sur mon salaire d’apprenti pour plus tard, et là j’ai plus rien, j’ai tout dépensé.

Si je veux bouf­fer un truc, je ne peux pas me le payer. En fait, je suis rede­ve­nu col­lé­gien. Un ado­les­cent. C’est très compliqué.

« Et le pro­cu­reur, il répond aux ordres de Castaner et de Macron. Le pro­cès, on n’a pas de nouvelles. »

C’est dur, pour les réflexes et tout. J’étais droi­tier. Ça dépend des périodes, mais j’essaie de faire quand même des petites choses avec ma main, mais seule­ment si elle ne sort pas d’opérations.

Quand je rentre chez mes parents, je mange moins. C’est la déprime. Franchement. C’est très com­pli­qué. J’ai vu trois psy. Mais j’en vois pas en ce moment. Parler pour par­ler… Quand je croise des gens, je parle. Je me suis ren­du compte que j’avais des sautes d’humeur. Des fois ça va, des fois ça va pas. J’arrive pas à gérer des trucs tout bêtes. Je m’en rends compte, c’est ça le pire. J’étais pas du tout comme ça avant.

Il y a des jours avec et des jours sans. Ça dépend même du temps. Il y a des trucs qui vont pas me plaire et ça va être un drame, alors que je m’en rends compte, j’arrive pas à gérer.

Des fois il m’arrive comme ça, d’un seul coup, qu’il y ait trois quatre larmes qui coulent. Comme si ça avait besoin de sortir.

On a vu l’IGPN en mars. J’ai dû tout redire, ma mère, mon frère aus­si, mais ils n’ont pas enten­du ma sœur, mon beau-frère, ni ma cou­sine. L’IGPN, le mec était bien. Le mec m’a dit que c’était pas la peine de me poser de ques­tions, qu’il y avait eu des erreurs des forces de l’ordre, qu’on était vrai­ment des vic­times, que ce n’était pas de notre faute. Mais voi­là, l’IGPN avait fait une bonne enquête, que le pro­cu­reur a clas­sée sans suite. Et le pro­cu­reur, il répond aux ordres de Castaner et de Macron. Le pro­cès, on n’a pas de nou­velles, c’est l’avocate qui s’en charge. Ça va être très très long. Il va fal­loir qu’on paye pour être par­tie civile. Ça nous a coû­té un bras cette his­toire, c’est le cas de le dire.

[Jean-Michel Basquiat]

L’enquête a été menée à charge contre moi, comme si j’étais cou­pable de quelque chose. Ils nous deman­daient si on avait repris la gre­nade, mais à l’origine, il y a bien une gre­nade ! Ils se dédouanent tout le temps et ça, ça m’énerve. Comme le livreur qui est décé­dé par pla­cage ven­tral. Maintenant ils le chargent de pleins de trucs, comme quoi il n’avait pas de per­mis de conduire, etc… mais tout ça, on s’en fout : est-ce qu’il méri­tait de se faire cou­cher par terre et de mou­rir comme ça ?

Une fois on m’a pro­po­sé d’aller à une mani­fes­ta­tion des « Mutilés pour l’exemple », mais j’ai refu­sé. Ça ne m’intéressait pas. Ça part trop dans le poli­tique. J’y ai pas vrai­ment pen­sé. Je m’y connais pas assez pour en par­ler. Et peut-être qu’on n’a pas les mêmes pen­sées. Je ne sais pas quoi leur dire, aux autres muti­lés. Ça nous est tous arri­vé, mais c’est pas pour autant qu’on va être pareils. Peut-être plus tard, ça m’intéressera, je pour­rais voir des gens, mais là, j’ai pas trop envie.

Les flics, eux-mêmes ils se font insul­ter, car on va pas se men­tir, de l’autre côté aus­si ça va pas. C’est trop com­pli­qué pour moi. C’est la faute de tout le monde. Même au mec qui a jeté la gre­nade, je lui en veux pas. Pour que ça atter­risse à ce point-là sur moi, je pense que c’était un acci­dent. Enfin peut-être que ça l’était pas…

On n’a pas fini si on en veut à la Terre entière der­rière. En fait, j’ai pas vrai­ment réflé­chi à tout ça.

« Personne n’a pu retour­ner mani­fes­ter. On a la trouille de tout. On a la trouille des flics. »

On a tou­jours été tout seuls. On n’a jamais été sur les ronds-points, ni avant, ni après. On a pris notre dose. Et par­fois je me dis : « Tout ça pour ça. » Surtout que ça n’a rien chan­gé. C’est même pire, ils bradent tous les ser­vices publics.

Personne n’a pu retour­ner mani­fes­ter. On a la trouille de tout. On a la trouille des flics.

J’ai plus confiance en la police. À par­tir du moment où les gen­darmes ils ont une arme, alors, non. Je ne sais pas moi ce qu’il se passe dans la tête du mec : qu’est-ce qui me dit qu’il ne va pas d’un seul coup sor­tir son flingue et tirer sur moi, ou bien s’en mettre une ? Avant, ça me fai­sait rien de voir un flic, j’avais rien à me repro­cher. Maintenant, c’est étrange, c’est de la peur et c’est de la méfiance aus­si. C’est dom­mage, parce que ce sont des gens qui sont cen­sés nous pro­té­ger, et au final, on se pro­tège mieux tout seul. J’ai per­du confiance en eux, et je pense que jamais ça revien­dra. Ils m’ont quand même niqué ma main. Ils ont failli me tuer. Et d’autres ils en ont tué d’ailleurs. J’ai plus confiance. Je n’ai plus confiance en per­sonne en fait. À part en ma famille.

Je ne sais même pas ce que je suis. Je ne sais pas com­ment clas­ser ça. J’avais jamais connu ça. Je ne sais pas dans quoi mettre ça. On ne donne pas de sens à ça. Des fois je me dis : « Pourquoi moi ? » Mais si c’est pas moi, pour­quoi un autre ? Pourquoi ils ont des armes comme ça ? Parce qu’on est dans un pays où on a le droit de mani­fes­ter. C’est recon­nu, les Français, ils sont comme ça. Et au final, tu te retrouves à te faire ampu­ter, muti­ler, alors que c’est cen­sé être les droits de l’Homme. Et là, c’est comme si c’était la guerre civile. Je trouve pas ça nor­mal que ça arrive dans notre pays. Liberté, Égalité, Fraternité… Ben là, je ne l’ai pas vue.


[cagnotte « Tendons la main à Gabriel »]


[lire le deuxième volet]



Illustrations de ban­nière et de vignette : Jean-Michel Basquiat


  1. Technique chi­rur­gi­cale qui per­met de pro­té­ger les tis­sus endom­ma­gés avec une autre par­tie du corps, dans le but de répa­rer une perte de sub­stance [ndlr].[]
  2. Cette gre­nade contient une charge explo­sive consti­tuée de 26 grammes de TNT [ndlr].[]

REBONDS

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☰ Lire notre entre­tien avec David Dufresne : « En cri­ti­quant la police, on s’en prend plein la gueule », sep­tembre 2020
☰ Lire notre témoi­gnage « Castaner, ma mère est morte à cause de vos armes ! », avril 2019
☰ Lire notre entre­tien avec Désarmons-les : « 2018, année de la muti­la­tion », jan­vier 2019
☰ Lire notre entre­tien avec Raphaël Kempf : « L’action poli­tique est de plus en plus cri­mi­na­li­sée », jan­vier 2019
☰ Lire notre entre­tien avec Arié Alimi : « Il ne reste plus à ce pou­voir que la vio­lence », février 2017

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Sophie Divry

Écrivaine. Elle a notamment publié Trois fois la fin du monde (2018) et Cinq mains coupées (2020).

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