Guerre de l’eau et des mémoires au Kurdistan Nord


Texte inédit | Ballast

Une « guerre de l’eau » : pour les ter­ri­toires kurdes enser­rés par les fron­tières turques, c’est la dure réa­li­té. Traversés par le Tigre et l’Euphrate, par­cou­rus par de nom­breux autres cours plus modestes, l’eau y est une res­source bien pré­sente, mais convoi­tée. Son acca­pa­re­ment est un enjeu géo­po­li­tique de pre­mier ordre. Les rivières de la région sont deve­nues pour l’État turc un outil poli­tique dans sa lutte contre le com­bat du peuple kurde pour son auto­no­mie, au sein de ses fron­tières comme dans ses rela­tions avec les pays en amont, l’Irak et la Syrie. Pour contrô­ler le débit des fleuves — et, donc, l’ac­cès à la res­source —, une poli­tique de construc­tion de bar­rages a débu­té dans les années 1960. Ses consé­quences sur les popu­la­tions rive­raines sont pro­fondes. Reportage. ☰ Par Camille Marie et Loez


Casquette vis­sée sur la tête et grande sil­houette mince, Ridvan Ayhan tire sur sa ciga­rette d’un air son­geur. L’eau du fleuve Dicle (Tigre) qui cla­pote à ses pieds prend sa source dans les monts Taurus, au sud-est de la ville d’Elazig. Près de mille kilo­mètres en aval, elle rejoin­dra sa sœur, l’Euphrate. Les deux géantes se retrou­ve­ront en Irak, ras­sem­blées dans les eaux du del­ta du Chatt-al-Arab avant de finir ensemble leur long voyage, 200 kilo­mètres plus bas dans le golfe Persique. Sur leur che­min, elles auront tra­ver­sé de vieilles mon­tagnes cal­caires aux flancs tan­tôt recou­verts d’herbe verte, tan­tôt nus et jaunes, selon les sai­sons et l’al­ti­tude, puis de vastes plaines. Grâce à leurs eaux, on cultive pis­taches et olives, blé et coton. Pareille aux voya­geurs et aux voya­geuses qui doivent sou­vent s’arrêter sur la route du Kurdistan, stoppé·es par de nom­breux check­points, la course des géantes est inter­rom­pue par des bar­rages qui les trans­forment par­fois en maigres rivières. Contemplant ce flot qui ne coule plus libre comme avant, le mili­tant éco­lo­giste pense peut-être à son enfance dans le vil­lage majo­ri­tai­re­ment kurde de Hasankeyf, dont les 12 000 ans d’his­toire ont été entiè­re­ment englou­tis sous ces mêmes eaux, à l’instar de près de deux cents autres lieux au fur et à mesure du rem­plis­sage du bar­rage d’Ilisu, débu­té mi-2019.

« Aujourd’hui tous les sou­ve­nirs de cet endroit ont dis­pa­ru, les sou­ve­nirs d’enfance se sont éva­nouis, notre mode de vie s’en est allé. »

« Je suis né dans une petite grotte de Hasankeyf, der­nier d’une fra­trie de quatre enfants. Ma mère, tous les matins, nous pré­pa­rait une soupe dans la che­mi­née pour le petit-déjeu­ner, puis on sor­tait dehors pour jouer. Les Kurdes vivaient dans les grottes en bas. Nous, les, Arabes étions en haut. En échange de ce qu’il pêchait dans le Dicle, mon père ache­tait ce dont on avait besoin à la mai­son… Tous les matins avant notre réveil, ma mère mar­chait deux kilo­mètres pour aller au pied des monu­ments, sur les berges du fleuve, afin de laver nos vête­ments. Puis elle pui­sait de l’eau et ren­trait à la mai­son. Aujourd’hui tous les sou­ve­nirs de cet endroit ont dis­pa­ru, les sou­ve­nirs d’enfance se sont éva­nouis, notre mode de vie s’en est allé. »

Alors que des vil­lages dis­pa­raissent, rien ne semble pou­voir entra­ver la construc­tion de nou­veaux ouvrages. En 2019, un tiers de la pro­duc­tion élec­trique en Turquie était assu­rée par des usines hydro-élec­triques, ce qui en fait la deuxième source d’éner­gie de ce type du pays, der­rière les cen­trales à char­bon. D’après les chiffres offi­ciels du gou­ver­ne­ment turc, le poten­tiel hydrique total de la Turquie est de 186 mil­liards de m3 — l’Euphrate repré­sen­tant 32 mil­liards de m3 et le Tigre 21 mil­liards, les deux fleuves concentrent ain­si 28 % du poten­tiel hydro­élec­trique total. Barrant le cours de l’Euphrate à proxi­mi­té de la ville d’Urfa, et mis en ser­vice en 1992, le bar­rage Atatürk est le plus puis­sant de toute la Turquie. Long de près de deux kilo­mètres, haut de 151 mètres, ses huit tur­bines pro­duisent annuel­le­ment envi­ron 8,9 TWh1. Vu du hublot d’un avion, l’ouvrage impres­sionne. En amont du bar­rage, des val­lées ont été noyées, trans­for­mées en un vaste lac arti­fi­ciel fai­sant office de réser­voir à l’ouvrage. 

[Avril 2021 : à quelques centaines de mètres de Hasankeyf, le lâcher d'eau fin 2020 a laissé apparaître les maisons submergées du village de Suçkene]

La construc­tion des pre­miers bar­rages dans les régions kurdes de Turquie date des années 1960. À la fin des années 1970, deux plans majeurs sont mis en œuvre : le pro­jet d’Anatolie du sud-est (GAP), dont fait par­tie le bar­rage Atatürk, et qui reçoit près de 32 mil­liards de livres turques d’in­ves­tis­se­ment, venues prin­ci­pa­le­ment des fonds de l’État, et le pro­jet de l’Anatolie orien­tale (DAP). Le pre­mier touche le sud des régions kurdes, quand le deuxième s’é­tend plus au nord, en direc­tion de la fron­tière ira­nienne. « Sur les fleuves de l’Euphrate et du Tigre, la Turquie a construit 22 bar­rages avec le pro­jet GAP. Sur le fleuve Munzur, il est ques­tion de 13 pro­jets de bar­rages, dont cer­tains sont ache­vés. Il y a le bar­rage de Silvan avec lequel est annon­cée la construc­tion de 8 autres bar­rages qui engen­dre­ront la dis­pa­ri­tion d’une cin­quan­taine de vil­lages à Lice, Hazrov et Kulp qui res­te­ront sous les eaux », explique Vahap, mili­tant du Mouvement éco­lo­giste de Mésopotamie, une orga­ni­sa­tion qui s’op­pose à ces pro­jets d’aménagement du ter­ri­toire. Ceux-ci ont plu­sieurs objec­tifs : sto­cker l’eau néces­saire aux cultures spé­cia­li­sées comme le coton ou le blé, pré­ve­nir les inon­da­tions et, bien sûr, pro­duire de l’électricité. Sur le pre­mier et le der­nier points, ces ouvrages semblent être des réussites. 

« Le contrôle — voire l’ambition de main­mise — sur les res­sources en eau est un enjeu de taille, qui s’immisce dans la géo­po­li­tique régio­nale depuis cin­quante ans. »

Irriguant quelque 1,8 mil­lion d’hec­tares de terres via des tun­nels sou­ter­rains longs de plu­sieurs dizaines de kilo­mètres, les 22 bar­rages du GAP, cou­plés à 19 usines hydro­élec­triques, pro­duisent près de 10 % de la pro­duc­tion élec­trique natio­nale. À la fin de l’année 2020, 491,4 TW d’éner­gie élec­trique avaient été pro­duits par les bar­rages du GAP, pour une valeur esti­mée à 29,5 mil­liards de dol­lars amé­ri­cains. Ces pro­jets pha­rao­niques font de la Turquie l’une des grandes puis­sances hydro­élec­triques de la région, le pou­voir met­tant tout à la fois en scène sa capa­ci­té finan­cière d’investissement et sa pro­duc­ti­vi­té ter­ri­to­riale. Le contrôle — voire l’ambition de main­mise — sur les res­sources en eau est un enjeu de taille, qui s’immisce dans la géo­po­li­tique régio­nale depuis cin­quante ans.

Une banale question de géopolitique régionale ?

Le contrôle des débits des fleuves est en effet un outil de pres­sion poli­tique de pre­mier ordre pour la Turquie. Elle régit à l’heure actuelle près de 90 % du débit de l’Euphrate, elle qui n’accueille sur son sol que 28 % de la sur­face de son bas­sin. De la même manière, elle contri­bue à la moi­tié du débit des eaux du Tigre alors qu’elle n’abrite qu’un dixième de son bas­sin ver­sant2. Selon les esti­ma­tions, le pro­jet GAP, qua­si ache­vé, absor­be­ra entre 17 et 34 % du débit total de l’Euphrate. Face à la menace que cela repré­sente pour les pays en aval, un accord a été signé en 1987 entre la Turquie et la Syrie, garan­tis­sant que la pre­mière laisse cou­ler au mini­mum 500 m3/s. Cet accord pré­voyait que la Turquie puisse ponc­tion­ner davan­tage, en cas de « néces­si­té ». Bien sûr, il n’é­tait pas seule­ment ques­tion d’ir­ri­ga­tion et de pro­duc­tion d’énergie.

[Le barrage d'Ilisu, qui a ennoyé la ville de Hasankeyf, se trouve au niveau du village de Dargeçit. Source : Openstreetmap]

Déjà, à cette époque, la Turquie mena­çait d’a­gir sur le débit du fleuve si la Syrie main­te­nait son sou­tien au PKK, le Parti des tra­vailleurs du Kurdistan. Elle est ain­si par­ve­nue à le faire expul­ser du pays. Aujourd’hui, elle met ses menaces à exé­cu­tion afin de peser sur l’Administration auto­nome du Nord et de l’Est de la Syrie3 (AANES), pro­jet admi­nis­tra­tif et poli­tique auquel la Turquie s’oppose farou­che­ment. La réduc­tion dras­tique du débit de l’Euphrate, mais éga­le­ment celui de nom­breuses rivières tel le Khabur, a des retom­bées lourdes sur les habitant·es du nord de la Syrie, tant en matière de pro­duc­tion élec­trique — cette constric­tion empêche le bon fonc­tion­ne­ment des trois bar­rages contrô­lés par les Forces démo­cra­tiques syriennes — qu’en matière de pro­duc­tion agri­cole et d’ac­cès à l’eau cou­rante. Responsable des bar­rages hydro­élec­triques sur l’Euphrate, Mohammed Tarboush, ingé­nieur de for­ma­tion, expli­quait lors d’une inter­view en avril 2018 les rai­sons de la pénu­rie d’eau : « D’après les lois inter­na­tio­nales, le débit du fleuve devrait être de 500 m3/s. Mais main­te­nant, la Turquie laisse pas­ser 200 m3 seule­ment, par­fois même 100 m34 ». De son côté, Vahap rap­pelle qu’« un pro­ces­sus a débu­té dans les années 1970 entre la Syrie, l’Irak et la Turquie. Celle-ci a tou­jours vou­lu résoudre les pro­blèmes liés à l’eau entre ces États. On peut même dire qu’elle a tout mis en œuvre pour que les États impé­ria­listes ne s’en mêlent pas car elle sait très bien que, si s’était le cas, les pro­blèmes pren­draient une autre ampleur. Au début des années 1990, un accord sti­pu­lait que 58 % de l’eau était à des­ti­na­tion de l’Irak et 40 % envi­ron de la Syrie. » Depuis, la situa­tion a empi­ré. Le manque d’eau, auquel s’ajoutent des vagues de cha­leur plus longues et plus fortes en 2021 ont conduit à une impor­tante séche­resse, occa­sion­nant de faibles récoltes pour l’AANES dont l’é­co­no­mie dépend for­te­ment de la pro­duc­tion agri­cole. Faute d’eau, les blés n’ont pas pu atteindre une matu­ra­tion correcte.

« Dernièrement un accord a été éta­bli avec l’Irak, en décembre 2020, au sujet du Tigre. Et on se demande ce qui a été pro­mis en contre­par­tie de l’eau… »

« Le bar­rage a une impor­tance stra­té­gique, l’eau qui coule ici passe en Syrie et en Irak. C’est une manière de les domi­ner et de leur dire Si tu ne me donnes pas ce que je veux je cou­pe­rai ton eau. Donc actuel­le­ment, l’Irak est dépen­dant de la Turquie. » Ridvan Ayhan évoque ici ce que d’autres ont appe­lé le « com­plexe de l’aval5 » : la dépen­dance poli­tique des pays situés à l’aval des cours d’eau vis-à-vis de ceux qui, à l’amont, com­mandent les ouver­tures et fer­me­tures de bar­rage. Il ne sou­haite pas en dire plus ; on apprend qu’il a déjà pas­sé un an et demi en pri­son pour son enga­ge­ment éco­lo­gique. Vahap cla­ri­fie : « Dernièrement, un accord a été éta­bli avec l’Irak, en décembre 2020, au sujet du Tigre. On se demande ce qui a été pro­mis en contre­par­tie de l’eau… Est-ce qu’il y a eu un accord pour que la Turquie fasse la guerre au nord de l’Irak ? » En effet, quelques semaines après cet accord, le niveau du Tigre bais­sait aux alen­tours d’Hasankeyf, signe que les vannes avaient été ouvertes pour four­nir un débit plus impor­tant à l’aval, et l’ar­mée turque inten­si­fiait ses attaques contre le PKK au nord de l’Irak. Cela n’a sus­ci­té nulle pro­tes­ta­tion du gou­ver­ne­ment ira­kien, alors même que la Turquie se livrait à de nom­breuses vio­la­tions ter­ri­to­riales et ins­tal­lait des bases mili­taires au nord du pays. Ce moyen de pres­sion avait déjà été uti­li­sé à la fin des années 1990, lorsque la Turquie avait cou­pé le débit de l’Euphrate, exi­geant avec suc­cès de l’État syrien qu’il chasse de son ter­ri­toire Abdullah Öcalan, lea­der du PKK. La guerre des fleuves est double : la Turquie a le pou­voir d’assoiffer comme de faire chan­ter les pays en contre­bas. Et elle ne s’en prive pas.

Mettre en scène la puissance

Les inté­rêts de la Turquie en matière de construc­tion de bar­rages hydro­élec­triques dépassent la seule stra­té­gie géo­po­li­tique. On a vu ailleurs des ouvrages d’art de ce type ser­vir — comme d’autres pro­jets d’aménagement du ter­ri­toire — à signi­fier la puis­sance des États, leur capa­ci­té d’édification et à faire office de vitrine mon­diale pour les gou­ver­ne­ments. Qu’on songe aux bar­rages que l’Argentine pro­jette dans les années 2000 sur le fleuve Paraná, au pha­rao­nique bar­rage des Trois Gorges en Chine, ou à celui, plus récent encore, de Baihetan. Qu’on songe encore au pro­jet gigan­tesque de Nachtigal au Cameroun, faire-valoir de « l’ambition afri­caine dans l’hydroélectricité6 ». Aucun de ces ouvrages, dont les coûts s’élèvent à plu­sieurs mil­lions de dol­lars, n’a pour seul but de pro­duire de l’énergie. Pour la plu­part, ils sont pen­sés comme des prouesses tech­niques, des méga­pro­jets au tra­vers des­quels la puis­sance édi­fi­ca­trice et finan­cière d’un État est pré­sen­tée à la face du monde. Cette ambi­tion n’est pas tou­jours com­pa­tible avec d’autres, et notam­ment le déve­lop­pe­ment des régions que ces construc­tions affectent, balafrent. En effet, si la forte crois­sance éco­no­mique de la Turquie depuis la fin des années 1990 a occa­sion­né une demande crois­sante en éner­gie et une hausse de plus de 400 % de sa consom­ma­tion ces trente der­nières années, les bar­rages hydro­élec­triques ne répondent que par­tiel­le­ment à ces besoins. Les hausses les plus impor­tantes en termes de consom­ma­tion concernent prin­ci­pa­le­ment le sec­teur indus­triel. Or, dans les régions kurdes concer­nées par les pro­jets GAP et DAP, il n’y a que peu d’in­dus­tries, celles-ci ayant été volon­tai­re­ment main­te­nues dans un état de sous-déve­lop­pe­ment éco­no­mique. Le mou­ve­ment auto­no­miste kurde a d’ailleurs conser­vé dès ses débuts, dans ses écrits, la mémoire d’une telle ges­tion colo­niale de ces régions. L’électricité pro­duite par les bar­rages n’a donc qu’un inté­rêt limi­té pour les pro­vinces kurdes. En réa­li­té, ceux-ci servent sur­tout à l’État à contrô­ler ter­ri­toire, popu­la­tion et mémoire, afin d’é­touf­fer la contes­ta­tion qui sourd dans ces régions.

[Mai 2021 : zone sous contrôle de l'Administration autonome du Nord et de l'Est de la Syrie (Rojava). Les grains que montre une paysanne sont petits et secs : elle craint de pouvoir à peine rembourser le coût de la production avec sa récolte]

Ennoyer les mémoires : les barrages au service de la politique interne

« La construc­tion du bar­rage n’était pas qu’une ques­tion d’énergie, car la pro­duc­tion pour la Turquie en pro­ve­nance d’ici n’est pas si impor­tante », affirme Ridvan. Les bar­rages sont un moyen pour l’État turc de contrô­ler les popu­la­tions kurdes : de tels pro­jets vident de force les vil­lages, dont les popu­la­tions doivent se dépla­cer — ou être dépla­cées — dans des centres urbains ou des colo­nies de peu­ple­ment. Là, elles sont relo­gées dans des habi­tats construits sur mesure par l’a­gence en charge du déve­lop­pe­ment du loge­ment social, com­mu­né­ment appe­lée TOKI. L’architecture de ces nou­veaux quar­tiers est d’abord pen­sée pour en faci­li­ter la sur­veillance. Sur le plan social, il s’agit de cas­ser le tis­su de rela­tions et de soli­da­ri­tés exis­tant dans les vil­lages, et les résis­tances qui en découlent.

« Nos ancêtres sont arri­vés ici car il y avait de l’eau, ils en ont fait un endroit his­to­rique, et ils ont dû par­tir d’ici à cause de l’eau. »

Ridvan explique : « À cause du bar­rage d’Ilisu, 199 zones d’ha­bi­ta­tion ont dis­pa­ru et entre 80 000 et 100 000 per­sonnes ont été exi­lées. Elles ont été contraintes de par­tir dans les grandes villes. Celles qui sont res­tées sont des per­sonnes âgées qui ne vou­laient pas quit­ter leurs terres, leurs champs. Ce bas­sin a été déshu­ma­ni­sé. Avant la mise en œuvre du bar­rage, l’État a fait de fausses pro­messes à la popu­la­tion : On va vous créer de l’emploi, on va amé­lio­rer votre qua­li­té de vie. Ainsi, ils ont pous­sé les gens à l’exil. Mais ça a été le contraire : il n’y a pas eu d’opportunités d’emploi, pas de champs, pas de jar­dins, pas de bêtes. Il ne reste plus rien. Les champs, les pota­gers, les pâtu­rages, le bétail, les plantes, les vignobles de la popu­la­tion, tout a été détruit, vidé. Où vont aller ces gens ? Une per­sonne qui a une acti­vi­té agri­cole, que va-t-elle faire dans une grande ville ? Nos ancêtres sont arri­vés ici car il y avait de l’eau, ils en ont fait un endroit his­to­rique, et ils ont dû par­tir d’ici à cause de l’eau. » 

Pour Vahap, les regrou­pe­ments de popu­la­tion dans les zones urbaines sont une conti­nui­té de la poli­tique de la terre brû­lée menée par l’ar­mée turque dans les régions kurdes au cours des années 1990. Alors, les vil­lages étaient incen­diés et leurs occupant·es poussé·es à l’exil dans les métro­poles. En regrou­pant dans les villes des popu­la­tions rurales, c’est toute une mémoire qui est condam­née à dis­pa­raître : celle des plantes et des ani­maux, des pay­sages et des humain·es qui les ont habi­tés. À Hasankeyf, une ville a été éri­gée au-des­sus de la nou­velle limite des eaux. Son archi­tec­ture a des allures de cau­che­mar fas­ciste : des cubes de béton ali­gnés au cor­deau en guise de mai­sons, toutes iden­tiques, s’é­talent sur un flanc de col­line. Un immense hôpi­tal et une struc­ture uni­ver­si­taire, déses­pé­ré­ment vides, ont été ajou­tés à l’en­semble. Quelques cen­taines de mètres en contre­bas, le lâcher d’eau opé­ré fin décembre 2020 ne laisse plus appa­raître que les tristes car­casses des mai­sons aban­don­nées. Étonnant para­doxe, d’an­ciens arbres tou­jours debout ont séché. On ima­gine leurs branches nues deve­nues blanches, quand autre­fois gar­nies de feuilles, de fleurs ou de fruits, elles appor­taient une ombre salu­taire aux chaudes jour­nées d’é­té. Les habitant·es ont eu le « choix », si l’on peut nom­mer cela ain­si : accep­ter un nou­veau loge­ment, ou tou­cher une indem­ni­té au mon­tant déri­soire. Ne reste alors que l’endettement pour faire face au coût des loge­ments urbains. Sans sur­prise, l’in­dem­ni­sa­tion de certain·es opposant·es au pro­jet a pris beau­coup plus de temps que pour d’autres : et voi­là que faire cou­ler les résis­tances passe éga­le­ment par appau­vrir ceux qui luttent. Sans comp­ter que cer­taines per­sonnes se sont aus­si vu refu­ser un loge­ment, au pré­texte qu’il n’y en aurait pas assez.

[Mars 2021 : nouveau village de Hasankeyf]

Les amé­na­ge­ments qui accom­pagnent la mise en place des bar­rages ont tou­jours un double emploi. L’aéroport flam­bant neuf de Diyarbakır, dont la plu­part des ter­mi­naux sont vides, abrite éga­le­ment une grande base aérienne mili­taire d’où partent les avions qui s’en vont lar­guer leurs bombes sur les mon­tagnes au nord de l’Irak, là où l’ar­mée turque affronte la gué­rilla du PKK depuis début 2021 sans réus­sir à gagner de ter­rain. Les auto­routes, elles, faci­litent les dépla­ce­ments des forces armées et per­mettent de regrou­per les flux de cir­cu­la­tion sur de grands axes, plus faciles à contrô­ler que les petites routes secon­daires ou les che­mins de mon­tagne. Ennoyer des val­lées entières sert aus­si à empê­cher leur fran­chis­se­ment : ce sont d’abord les dépla­ce­ments des combattant·tes du PKK qui sont visés, et ain­si entra­vés. Comment ne pas pen­ser à la manière dont la Chine, par des bar­rages, mais éga­le­ment par d’autres pro­jets d’aménagement du ter­ri­toire tout aus­si mas­sifs — gazo­ducs, oléo­ducs, aéro­ports, routes7 ? De la même manière, dans les années 1970–1980, si l’Algérie est alors sou­cieuse de pro­mou­voir des infra­struc­tures de déve­lop­pe­ment sur l’ensemble de son ter­ri­toire — usines, routes, etc. —, elle sait aus­si qu’à tra­vers celles-ci, elle se donne les moyens de mieux contrô­ler ses régions méri­dio­nales les plus indis­ci­pli­nées. C’est ain­si que l’État algé­rien pense, notam­ment, les grands pro­jets d’aménagement de la Kabylie. C’est moins la géo­gra­phie qui sert à faire la guerre — comme l’a pré­ten­du l’un des tenants fran­çais de la géo­po­li­tique, Yves Lacoste8 — que l’aménagement ter­ri­to­rial, effi­cace pour appli­quer un colo­nia­lisme interne à peine déguisé.

Faire couler récits, histoires et paysages 

« Ennoyer des val­lées entières sert aus­si à empê­cher leur fran­chis­se­ment : ce sont d’abord les dépla­ce­ments des combattant·tes du PKK qui sont visés. »

« La guerre ne se joue pas qu’au niveau mili­taire. Il ne s’a­git pas que de la mort d’un cer­tain nombre de per­sonnes, pour­suit Vahap. C’est une guerre qu’on ne nomme pas qui est menée à l’intérieur du pays. Et, comme à l’extérieur, elle est basée sur la poli­tique éner­gé­tique et l’eau. Les zones où les bar­rages et les car­rières ont été construits sont pour la plu­part ins­crites et recon­nues comme étant des zones de sites his­to­riques. Hasankeyf est aus­si une ancienne zone de peu­ple­ment des Arméniens, des Assyriens et des Kurdes. Ce qui s’y est pas­sé est la consé­quence des poli­tiques menées sur le fleuve Dicle et l’eau. Le fait que ce site his­to­rique reste sous les eaux est aus­si un acte de guerre, sous la forme de des­truc­tions géo­gra­phique, c’est-à-dire une des­truc­tion exis­ten­tielle. Le fleuve Munzur, dans la région de Dersim, four­nit un autre exemple. C’est une zone impor­tante pour les Kurdes alé­vis, avec son his­toire de résis­tance. Il y a aus­si la rivière Zilan à Van, où reposent les os de 15 000 per­sonnes, mas­sa­crées lors de la révolte d’Agri, menée par le mou­ve­ment Khoybun9. Aujourd’hui, l’État veut y construire une cen­trale hydro­élec­trique pour faire dis­pa­raître cet endroit, la mémoire. C’est aus­si une façon d’é­touf­fer les sou­lè­ve­ments. » La mémoire et le patri­moine maté­riel ne sont pas seule­ment détruits, ils sont aus­si réécrits pour conve­nir au pou­voir en place : d’abord éra­di­qués, ils sont ensuite folk­lo­ri­sés et mis au ser­vice d’un pro­jet éco­no­mique de déve­lop­pe­ment du tourisme.

Face aux pro­tes­ta­tions inter­na­tio­nales sus­ci­tées par l’ennoiement du patri­moine de Hasankeyf, l’État turc a mis en scène une cam­pagne, lar­ge­ment média­ti­sée, de sau­ve­garde de cer­tains monu­ments, dépla­cés en hau­teur pour échap­per à l’i­non­da­tion. Ces monu­ments ont été regrou­pés, de manière tota­le­ment arti­fi­cielle, en contre­bas de la nou­velle ville, aux abords du fleuve, pour for­mer ce qui res­semble à un parc d’at­trac­tion archéo­lo­gique. Une jetée per­met d’accueillir des embar­ca­tions de tailles diverses qui pro­posent aux tou­ristes natio­naux comme étran­gers de pas­ser sur l’autre rive pour visi­ter le peu qu’il reste de monu­ments, dont l’an­cien palais des princes kurdes qui, du haut de la falaise, sur­plom­bait autre­fois le fleuve et le vil­lage. L’ensemble est com­plè­te­ment arti­fi­ciel, et met en scène une his­toire scé­na­ri­sée par le pou­voir. « Les per­sonnes qui n’ont pas de pas­sé n’auront pas non plus de futur, ana­lyse Ridvan. En détrui­sant notre pas­sé, ils ont détruit notre ave­nir. Nos sou­ve­nirs d’enfance, de jeu­nesse, tout est par­ti, tout est res­té sous les eaux. » Il ajoute : « Parfois c’est plus fort que vous, vous avez comme un nœud à la gorge. L’Unesco a pour charge la pro­tec­tion du patri­moine mon­dial, mais il n’a pas fait son devoir. Ceux qui ont détruit Hasankeyf l’ont fait avec une men­ta­li­té fas­ciste : ils l’ont mas­sa­cré, ils ont mas­sa­cré l’Histoire. Dorénavant, si un jour mes enfants, mes petits-enfants me demandent Où vivais-tu grand père ?, quel endroit est-ce que je vais leur mon­trer ? Je vais leur mon­trer l’eau ? C’est immen­sé­ment triste. »

[Mars 2021 : nouveau centre archéologique d'Hasankeyf. Certains monuments ont été transplantés de manière artificielle, d'autres refaits à la manière d'un décor de cinéma]

Résistances écologiques

La constric­tion du débit de l’eau par les bar­rages a aus­si un impact sur l’en­vi­ron­ne­ment. Une eau vivante est une eau qui coule libre­ment. En rete­nant les sédi­ments qui enri­chissent les sols, et en chan­geant le taux d’hu­mi­di­té des terres, les bar­rages ont éga­le­ment un impact sur les cultures, affec­tant leur fer­ti­li­té et aug­men­tant leur sali­ni­sa­tion. Ainsi, des bar­rages cen­sés per­mettre l’ir­ri­ga­tion des terres deviennent la cause majeure de l’appauvrissement des sols. « Le soleil tape fort à Hasankeyf, raconte Ridvan. Mais avant, cette cha­leur n’était pas gênante. Maintenant qu’il n’y a plus d’eau vive, en été il y a de l’humidité, et c’est per­tur­bant. L’autre jour, j’ai ren­con­tré un ber­ger : il m’a dit Mes bêtes ne boivent pas cette eau, quand elles en boivent elles sont malades. Je lui ai deman­dé pour­quoi et il m’a répon­du : Cette eau est dif­fé­rente, elle n’est pas comme l’eau vive. Car l’eau, en cou­lant, se filtre elle-même et se net­toie, mais comme celle-ci ne coule pas, elle reste sale. Au-delà des humains, les autres êtres vivants aus­si sont déran­gés. Il y avait 30 sortes d’oiseaux à Hasankeyf, et des tor­tues par­ti­cu­lières : toutes ont dis­pa­ru. »

« L’État turc se livre à une poli­tique d’ap­pro­pria­tion par le fait : en l’aménageant, en y inves­tis­sant de l’argent, il rend visible pour tous et toutes qu’il est le ges­tion­naire de l’espace. »

L’exploitation des fleuves par le pou­voir répond en outre à un sou­ci de ren­ta­bi­li­té éco­no­mique à court terme, au-delà de la pro­duc­tion élec­trique. Vahap nous l’ex­plique : sur une longue por­tion de son cours, « le fleuve Tigre n’a pas de sta­tut offi­ciel selon la légis­la­tion turque : ce n’est pas un fleuve, pas une rivière, pas un lac, offi­ciel­le­ment il n’a pas de nom. N’ayant aucune recon­nais­sance, vous ne pou­vez rien faire pour le pré­ser­ver. Cette stra­té­gie a per­mis à l’État d’en faire une source de ren­ta­bi­li­té ». Il est ain­si le lieu d’une exploi­ta­tion sau­vage : béto­ni­sa­tion des rives pour des acti­vi­tés de loi­sir, extrac­tion de sable, rejet de déchets… L’État turc se livre à une poli­tique d’ap­pro­pria­tion par le fait : en l’aménageant, en y inves­tis­sant de l’argent, il rend visible pour tous et toutes qu’il est le ges­tion­naire de l’espace, peu importe les sta­tuts éven­tuels de celui-ci.

À Diyarbakır, les jar­dins de Hevsel qui s’é­tendent au pied des rem­parts de la vieille ville, le long du Tigre, four­nissent un exemple des effets de cette main­mise. « Ils ont une his­toire vieille de plus de huit mil­lé­naires. On y compte jusqu’à plus de cent espèces végé­tales, de nom­breuses sortes de pois­sons, près de 187 espèces d’oi­seaux, d’a­près des recherches menées par l’u­ni­ver­si­té de Dicle, détaille Vahap. C’est aus­si l’aire de peu­ple­ment des tor­tues de l’Euphrate, une espèce endé­mique qu’on trouve jus­qu’en Irak. Cette zone a été clas­sée par l’Unesco avec la for­te­resse de Diyarbakır. Avant cela, le par­ti au pou­voir a vou­lu construire, ici-même, un jar­din du peuple et étouf­fer l’en­droit avec du béton. Contre ce pro­jet, la popu­la­tion a orga­ni­sé une veille per­ma­nente, qui a com­men­cé en 2014. Des per­sonnes du monde entier et de dif­fé­rentes régions de Turquie y ont par­ti­ci­pé. Suite à cette action, les auto­ri­tés ont stop­pé le pro­ces­sus, mais les des­truc­tions ont com­men­cé mal­gré tout : ils ont béton­né une par­tie des sols. » À la limite des jar­dins de Hevsel, sur le site du tou­ris­tique pont aux dix arcades, « l’État a fait des berges du fleuve une zone com­mer­ciale et il béné­fi­cie d’une rente sur tous les cafés et res­tau­rants. La mos­quée, la route et tout ce que vous pou­vez voir der­rière, c’est son œuvre. La situa­tion des jar­dins de Hevsel est le résu­mé à l’échelle micro­sco­pique des poli­tiques sur l’eau au Moyen-Orient ». On com­prend à quel point la res­source en eau a des inté­rêts divers : qu’il s’agisse de s’ac­ca­pa­rer sa force motrice par des bar­rages pour pro­duire de l’énergie ou d’en exploi­ter les berges en les béton­nant, les ambi­tions de l’État sont tou­jours les mêmes : amé­na­ger pour contrô­ler, saper les dyna­miques col­lec­tives et locales d’utilisation de ce bien com­mun, en sur­veiller les usages.

[Mars 2021 : barrage d'Ilisu, qui a provoqué l'ennoiement d'Hasankeyf]

Si, jusque-là, les chercheur·ses s’ac­cor­daient à dire que l’eau n’é­tait pas la cause des conflits entre les puis­sances régio­nales mais pou­vait en consti­tuer le sup­port ou le déclen­cheur, l’ag­gra­va­tion des séche­resses dues au réchauf­fe­ment cli­ma­tique risque de poser la ques­tion à nou­veaux frais — et ce sans comp­ter l’ex­pan­sion­nisme agres­sif d’un État turc qui assume une idéo­lo­gie néo-otto­mane. « La Turquie essaie de redé­fi­nir sa place au Moyen-Orient, ain­si que les fron­tières défi­nies par les accords Sykes-Picot, dont ce sera le 100e anni­ver­saire en 2023, ana­lyse Vahap. Le fleuve Axas dans un ave­nir proche va engen­drer un pro­blème entre l’Iran, la Turquie et l’Azerbaïdjan, la rivière Asi [Orontes] entre la Turquie et la Syrie depuis Hatay. La Syrie cri­tique par­ti­cu­liè­re­ment la Turquie en disant qu’elle construit des bar­rages sur celle-ci, la pol­lue et ne la par­tage pas. Pourtant, en Turquie, pour les par­tis poli­tiques, les ins­ti­tu­tions et les mou­ve­ments éco­lo­gistes, c’est com­pli­qué de nom­mer clai­re­ment cette stra­té­gie basée sur l’eau comme une guerre. » Une guerre com­plexe, dont les acteurs imbri­qués de gré ou de force sont autant l’État, ses péri­phé­ries syriennes ou kurdes colo­ni­sées, les fleuves, les pays fron­ta­liers que la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale et ses institutions.

En ten­tant de saper les résis­tances kurdes et en s’accaparant les res­sources flu­viales, la Turquie à la fois main­tient la pres­sion sur son sol et attise les rébel­lions trans­fron­ta­lières dont elle est cer­née. Et Vahap de conclure : « On pour­rait pen­ser que l’ins­tru­men­ta­li­sa­tion de l’eau à des fins de guerre relève de la théo­rie du com­plot. Mais c’est bien ce qui se pro­duit en réa­li­té. »


Photographies de ban­nière et de vignette : Loez


image_pdf
  1. Térawatt-heure : uni­té de mesure d’éner­gie. 1 téra­watt-heure cor­res­pond à 1012 watt consom­més pen­dant 1 heure.[]
  2. Françoise Rollan, « Le Tigre et l’Euphrate : source de conflit ou situa­tion conflic­tuelle due à l’his­toire ? », Confluences Méditerranée, vol. 58, n° 3, 2006, pp. 137–151.[]
  3. L’Administration auto­nome du Nord et de l’Est de la Syrie admi­nistre un ter­ri­toire plus connu sous le nom kurde Rojava. S’y met en œuvre le pro­jet de confé­dé­ra­lisme démo­cra­tique théo­ri­sé par Abdullah Öcalan, lea­der du PKK, lequel repose notam­ment sur les idées de démo­cra­tie com­mu­nale, d’é­man­ci­pa­tion des femmes et de déve­lop­pe­ment res­pec­tueux de l’en­vi­ron­ne­ment.[]
  4. « The Euphrates : Turkey’s tool of des­ta­bi­li­sa­tion of Rojava », The Internationalist Commune.[]
  5. Jacques Bethemont, Les Grands Fleuves, entre nature et socié­tés, 1999, Armand Colin.[]
  6. Maimouna Dia, « Cameroun : bar­rage de Nachtigal, un modèle de déploie­ment de l’énergie hydro­élec­trique en Afrique », La Tribune Afrique, 2019.[]
  7. Cariou, Alain. « Xinjiang : une nou­velle poli­tique de déve­lop­pe­ment pour une sta­bi­li­té durable ? », Outre-Terre, vol. 48, n° 3, 2016, p. 305–312. L’État chi­nois a drai­né de ses res­sources la région auto­nome du Xinjiang, contrô­lé et asser­vi les popu­la­tions ouï­goures musul­manes qui y résident, contraintes à des migra­tions dans des quar­tiers sécu­ri­sés, quand ce n’est dans des camps de tra­vail, comme l’ont révé­lé récem­ment les China Cables. Lire par exemple l’article du Monde « Un blo­geur chi­nois sur les traces des camps de réédu­ca­tion du Xinjiang », Simon Leplâtre, 25 novembre 2021.[]
  8. Yves Lacoste, La Géographie, ça sert d’abord à faire la guerre, Maspero / La Découverte, 1976.[]
  9. Khoybun signi­fie « être soi-même ». Cette orga­ni­sa­tion natio­na­liste kurde est fon­dée au Liban en 1927 et sera à l’o­ri­gine de l’é­phé­mère République indé­pen­dante kurde de l’Ararat, avant que la révolte ne soit écra­sée en 1930 par l’ar­mée turque.[]

REBONDS

☰ Lire notre article « Kurdistan nord : une ferme éco­lo­gique en résis­tance », Loez, novembre 2021
☰ Lire notre article « Coopératives de femmes et démo­cra­tie locale au Rojava », Loez, sep­tembre 2021
☰ Voir notre port­fo­lio « Rojava : à la base de la révo­lu­tion », Loez, mai 2021
☰ Lire notre article « Vers la révo­lu­tion éco­so­cia­liste », Michael Löwy, jan­vier 2021
☰ Lire les bonnes feuilles « Écologie : socia­lisme ou bar­ba­rie — par Murray Bookchin », mars 2020
☰ Lire notre entre­tien avec Fatih Mehmet Maçoglu : « Le socia­lisme, c’est pré­ser­ver le vivant », sep­tembre 2019


Découvrir nos articles sur le même thème dans le dossier :
Loez

(Photo)journaliste indépendant, Loez s'intéresse depuis plusieurs années aux conséquences des États-nations sur le peuple kurde, et aux résistances de celui-ci.

Découvrir d'autres articles de

Camille Marie

Doctorante en géographie et en anthropologie.

Découvrir d'autres articles de



Nous sommes un collectif entièrement militant et bénévole, qui refuse la publicité. Vous pouvez nous soutenir (frais, matériel, reportages, etc.) par un don ponctuel ou régulier.